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Carrefour Planet, deux magasins, neuf univers
Carrefour et Virgin main dans la main à Vénissieux
PAPIER ORIGINAL, publié le 2 septembre 2010. À magasins exceptionnels, rubrique exceptionnelle. LSA a décidé de consacrer la totalité de ses pages Réseaux aux deux hypermarchés pilotes que Carrefour vient d'ouvrir dans la banlieue lyonnaise, à Écully et à Vénissieux, sous sa nouvelle enseigne Carrefour Planet. Deux magasins étonnants où se dessinent, derrière un tronc commun, des différences marquées. Reportage en images.
«Enfin, il se passe quelque chose en hypers. Il était temps ! » La réaction à chaud de ce consultant spécialiste des marques traduit bien l'opinion des experts arpentant les allées - les « boulevards », serait-on plutôt tenté d'écrire, tant les échelles ont changé dans certaines zones - des magasins queCarrefour vient d'ouvrir, le 25 août, à Écully et à Vénissieux, près de Lyon. Des « pilotes » qui doivent servir de rampe de lancement à la future enseigne d'hypers du groupe, Carrefour Planet. Car, n'en déplaise à ce patron d'une chaîne concurrente qui, à quelques jours de l'inauguration, nous confiait craindre qu'il ne s'agisse que « de communication financière », ces magasins sont surprenants, innovants, rupturistes même. « L'audace » réclamée par Lars Olofsson, directeur général du groupe, aux équipes de « l'initiative 6 », nom de code du projet de « réinvention » lancé à son arrivée, est bien là. Une zone marché impressionnante, partout des stands, des nouveaux services, du personnel, des conseils, des animations... Des rayons revus de fond en comble, des détails malins un peu partout. Et, on ne l'a pas assez dit, deux magasins en un, car Écully est indéniablement beaucoup plus haut de gamme et en rupture que Vénissieux, où se devine une version plus commerciale.
Des choix radicaux
Dans les deux cas, on est loin du simple ravalement. Des choix majeurs - donc risqués - ont été faits. Enterré, par exemple, le mythe du « tout sous le même toit ». L'idée centrale qui a guidé la croissance des hypers en France depuis près de cinquante ans est reléguée au rang de chimère. Certes, Carrefour ne fait que confirmer des orientations prises par d'autres acteurs, tel Auchan et ses « partis pris d'enseigne », mais avec une ampleur inégalée. Terminés, les vélos adultes. Fini, la large gamme de bricolage. Le sport n'a plus qu'un modeste linéaire de balles, ballons et raquettes, le gros électroménager ne compte plus qu'une cinquantaine de références. Place à un magasin qui se veut plus confortable, avec des allées de circulation élargies de 20 % et des meubles rognés de 20 à 40 cm. Place aussi à huit pôles spécialisés à l'offre totalement repensée pour lutter à armes égales avec les meilleurs category killers du marché : Grand Frais, Picard, Biocoop, Sephora, Zara et H et M, Ikea... Place, ensuite, aux marques sur le high-tech, où la lutte pour l'innovation avec les grands fabricants n'était plus égale.
Encore deux étapes à franchir
Place, enfin, à la dimension qui manque depuis plus d'une décennie au concept : la surprise, l'animation, la foire, la fête, ces arrivages de dernière minute, ces bonimenteurs aussi, qui faisaient l'attraction et l'identité des pionniers. Et quelle place ! 2 000 m2 pour retrouver la puissance d'attraction et la force promotionnelle du concept, et redonner une image prix avec force promos spectaculaires à des magasins qui vont souffrir du fait de leurs pôles spécialistes particulièrement léchés. « Nous avons voulu redonner du glamour et du plaisir à faire ses courses, en n'oubliant pas des offres fortes et des promos canons, commente un cadre du groupe. Le contraire de ce qu'a fait Auchan avec Simply Market. »
Si l'innovation est là, reste deux étapes majeures à franchir, sur lesquels plus d'un concept s'est cassé les dents : la réaction des clients, pour laquelle il faudra attendre quelques mois, et la duplication à l'échelle industrielle. « La difficulté va être d'organiser ce barnum pour 50, voire 100 magasins, de trouver des industriels et des partenaires capables de nous soutenir dans des animations de cette taille, de s'assurer la bonne exécution des opérations », commente le même cadre. Et c'est là qu'on vérifiera si « le modèle économique plus rentable » de Carrefour Planet, vanté par Lars Olofsson dans LSA la semaine dernière, tient la route.