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Industriel PME : Alain Joly, l'artisan du retour de la peluche en France
Choisi pour fabriquer une partie des mascottes des JO de Paris 2024, le patron de Doudou et Compagnie a entrepris, depuis 2019, de relocaliser la peluche en France.
Véronique Yvernault
\ 00h00
Véronique Yvernault
En dates
- 1952 : naissance
- 1973 : débute chez un importateur de peluches italiennes
- 1975 : création de Cedeji, un atelier de peluches, à Saint-Leu-la-Forêt (95)
- 1999 : contraint de fermer ses trois usines en France, il crée Doudou et Compagnie avec Yves Tirman, patron de CMP (La Chaise longue)
- 2002 : construit sa propre usine en Chine 2019 : rachète Maïlou Tradition
- 2022 : inaugure une manufacture de 3 500 m² à La Guerche-de-Bretagne (35) chargée, notamment, de la confection des peluches des mascottes des JO de Paris 2024
Le parcours d’Alain Joly résume à lui seul l’histoire de la désindustrialisation française et les efforts actuels pour relocaliser. Président-fondateur de Doudou et Compagnie, Alain Joly est tombé dans la peluche en 1973 en travaillant pour un importateur. « À l’époque, la peluche employait plus de 4 000 personnes en France », se souvient-il. Deux ans plus tard, il crée avec ses parents son propre atelier, à Saint-Leu-la-Forêt (95), sous la marque Cedeji (Création diffusion Joly). « Je sais patronner et coudre une peluche et dois être l’un des rares patrons actuels à savoir fabriquer lui-même son produit », s’amuse-t-il.
En 1980, il ouvre sa première usine. Pour se développer, il se spécialise dans la peluche premier âge et vise le circuit des spécialistes de la puériculture. En 1995, Cedeji compte trois usines et près de 200 salariés. « Mais à la fin des années 1990, le marché subit le raz-de-marée des peluches asiatiques. Lâché par les banques, j’ai dû fermer », raconte Alain Joly.
Usine bretonne
Un échec qu’il vit comme un deuil. « C’était comme si j’avais perdu mon troisième enfant. » Son ami Yves Tirman, président de CMP (La Chaise longue) le convainc alors de l’accompagner en Asie. « En Corée, j’ai découvert un monde où tout était possible », se rappelle-t-il. Ainsi naît Doudou et Compagnie avec création, marketing et diffusion en France mais production assurée d’abord par un sous-traitant coréen puis par la propre usine du groupe en Chine. La marque connaît son plus grand succès avec le doudou plat, lancé en 2000. « C’est la référence 202 : une tête de peluche sur un carré de 22 cm par 22. Quand j’ai vu le prototype, j’ai voulu le faire rembourrer pour le transformer en coussin ! Un beau malentendu », confie Alain Joly.
En 2019, il rachète Maïlou Tradition, le dernier atelier breton de peluche. Il investit 3 millions d’euros, implante une nouvelle manufacture à La Guerche-de-Bretagne (35) et ouvre une école de formation… Le site tourne désormais à plein régime car Doudou et Compagnie a été choisi pour fabriquer une partie des peluches des mascottes des JO de Paris 2024. « Nous avions prévu d’en faire 200 000 pièces en France. Mais devant la polémique, nous allons en réaliser trois fois plus, soit 1 500 pièces quotidiennes durant quatre cents jours », calcule Alain Joly, plus que jamais concentré sur son rêve : relancer une production en série de peluches en France.
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