Alimentation: de la promesse à la preuve [Tribune]
Dans cette tribune, Xavier Terlet, directeur général de ProtéinesXTC, estime que "Demain, la preuve s’imposera à la promesse. Les industriels et les distributeurs qui ne s'y préparent pas risquent gros".
Hier la santé, aujourd’hui l’écologie. Le durable est dans tous les engagements, toutes les raisons d’être des entreprises. Il est vrai que la conscience des consommateurs s’est éveillée. Que face au péril d’une planète qui n’en peut plus, ils exigent des actes au-delà des simples déclarations.
Clean label, substainable,… le marketing affectionne le vocabulaire anglosaxon dès lors qu’on préfère ne pas dire clairement les choses. Il s’agit plus prosaïquement, de proposer des produits locaux, non « ultra-transformés », exempts d’additifs, d’ingrédients controversés et de pesticides, respectueux du bien-être animal, avec une juste rémunération du producteur ou de l’éleveur… la liste n’est pas si longue mais atteindre ces objectifs est complexe pour une industrie alimentaire qui pendant 60 ans a produit pour le plus grand nombre sans avoir à répondre à des questions sociétales ou environnementales qui ne se posaient pas avec ce degré d’urgence.
Il est aujourd’hui, une révolution en marche dont on ne soupçonne pas encore les effets délétères pour ceux qui ne l’intègreraient pas dans leur stratégie de transition. Cette prise de conscience nouvelles des consommateurs est aujourd’hui amplifiée par une information sur les produits, indépendante et toujours plus rapidement accessible.
C’est une révolution de l’information. La technologie y est pour beaucoup. L’internet, les « applis » permettent aujourd’hui de fournir en une seconde l’information produit que le consommateur souhaite : est-il trop gras ? trop salé ? trop sucré ? y a-t-il des ingrédients et autres additifs indésirables ? quelle est son origine ? son empreinte carbone est-elle satisfaisante ? etc.
Le plus nouveau et peut-être le plus dérangeant pour les entreprises est que cette information nouvelle est proposée par des tiers indépendants.
Alors qu’hier le consommateur se satisfaisait, faute d’autre chose, des promesses des fabricants eux-mêmes : le pack, la pub étaient l’objet de toutes leurs attentions. Une communication à sens unique que personne ou presque ne contestait.
Il en est bien autrement aujourd’hui. Ces tiers que sont les OpenFoodFact, les Siga, Yuka, et autre Score qu’ils soient nutri ou éco, voire note globale, qui s’intéressent à nos produits s’apparentent aujourd’hui à des lanceurs d’alerte. Ils s’imposent à nous aujourd’hui.
Certes, on peut les mettre en cause, les condamner, car leurs défauts sont réels et leur jugement par trop réducteur… Mais ce sont autant d’imperfections qui seront demain gommés par le déploiement inévitable de la blockchain. Toutes les informations, les transactions d’un bout à l’autre de la filière seront gravées dans le marbre et donc disponibles.
Ainsi le fabricant de mon jambon préféré qui m’assure qu’il est issu d’élevages sélectionnés, façonné à la main dans ses ateliers français devra m’expliquer pourquoi les porcs élevés au bout de l’Europe (alors que l’on n’en manque pas en France) ont voyagé plusieurs milliers de kilomètres dans des conditions douteuses.
Demain, la preuve s’imposera à la promesse. Les industriels, les distributeurs qui ne s y préparent pas risquent gros.
Par Xavier Terlet - DG ProtéinesXTC
