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C’est une question de temps parait-il. Quand Amazon, fondé il y a à peine 20 ans, va-t-il détrôner Walmart, Carrefour et autre en tête du commerce mondial ? Une question peut-être pas si crédible lorsque l’on regarde l’écart de chiffre d’affaires du numéro un mondial et de son challenger (une année Amazon = un demi-trimestre de Walmart) … Mais finalement peu importe puisqu’à chaque fois que l’on articule les trois syllabes si chères à Jeff Bezos, le microcosme du commerce bruisse, s’agite et devient boulimique. Voire hystérique.
A tel point qu’il devient compliqué de distinguer le ridicule du plus sérieux. Le traitement médiatique du projet de livraison par drone et celui, plus discret, du nombre de changements de prix effectués chaque minute sur son site prouvent à la fois les craintes et l’émerveillement que suscite l’e-commerçant.
Le sujet de la livraison de produits frais alimentaires cristallise encore davantage la crispation des acteurs du commerce traditionnel. Lorsque Georges Plassat l’évoque, c’est avec dédain. Quand Michel-Edouard Leclerc prend position, il est plus timoré qu’à son habitude. Davantage sur ses gardes. Il sent bien, comme l’ensemble de ses confrères, que malgré le faible taux que représente aujourd’hui la livraison de produits frais par internet (moins de 1% si l’on exclut le drive), la question de l’image est centrale. En France, Amazon est déjà l’enseigne préférée des Français devant Picard et Yves Rocher. Son chiffre d’affaire croit et rien ne semble pouvoir inverser la tendance, pas même les attaques juridiques comme ce fut le cas pour le livre. Alors finalement, qu’Amazon Fresh débarque en France ou pas cette année n’a que peu d’importance. Son spectre suffira à déclencher analyses de consultants, débats d’opinion, indignations et postures.
Car il est de bon ton, en ces temps de gigantesque hystérie de l’information, d’afficher son parti… Et de s’accaparer un peu de la lumière du colosse yankee.