Amazon, les drones et le buzz permanent
En annonçant à la télévision américaine qu’Amazon comptait lancer un service de livraison par drone d'ici 4 à 5 ans, Jeff Bezos a réussi à attirer l’attention médiatique sur sa société. Une stratégie de communication bien huilée pour le géant du e-commerce.
FRÉDÉRIC BIANCHI
\ 10h00
FRÉDÉRIC BIANCHI
Amazon et le buzz, épisode... on ne sait plus combien tant il y a en eu. La semaine dernière, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, annonçait qu’il s’apprêtait à ouvrir un service de livraison par drone. Et ce afin d’être capable de délivrer les colis en 30 minutes. Et attention, le nom du service a même été trouvé puisqu’il devrait s’appeler "Prime Air". Bon par contre, le patron ne s’est pas risqué à donner de date de mise en service pour ses petits avions livreurs téléguidés en disant simplement qu'il était "confiant pour une mise en route d'ici 4 à 5 ans". S’ils étaient d’aventure un jour effectivement lancés...
Et évidemment ça n’a pas tardé sur la toile. La petite phrase de Bezos a mis le feu au buzz. Ca a commencé par les articles sérieux de la presse économique avant d’être rapidement détourné et tourné en ridicule. Comme avec cette parodie vidéo qui imagine déjà l’après-drone et la livraison par fusée...
Ou encore ce détournement très malin du site LDLC qui annonce que lui va plus loin dans le développement durable puisque c’est par pigeon voyageur que vont désormais s’effectuer ses livraisons... Avec trois modèles de colombidés: le classique, le confort et l’expert selon le poids des colis à livrer.
En passant par ce dessin très drôle de Vidberg qui imagine une réunion d’Etat-major d’Amazon après que la Fnac ait abattu trois de ses drones en plein vol.
Bref, ça chambre beaucoup Amazon mais au final le site occupe une fois de plus l’espace médiatique. Et c’était à n’en pas douter le but de Jeff Bezos. Car il ne se passe pas une semaine sans qu’Amazon lance un nouveau service, propose une nouvelle technologie, évoque de nouvelles pistes de travail. Que ce soit l’alimentaire avec Fresh, les livraisons avec Prime, les nouvelles technologies avec ses tablettes ou son hypothétique future console Android, voire le commerce physique avec des pop-up stores, l’impression 3D avec une boutique dédiée aux Etats-Unis ou encore la mode avec un studio de shooting pour s’attaquer à l’anglais Asos...
Amazon a fait de ses idées un argument marketing. Le calcul est simple: on lance un nouveau service pour faire parler du site et ainsi devenir incontournable dans l’esprit du consommateur. Car dans le lot, combien sont réellement rentables? Une infime minorité certainement. Amazon Fresh est un gros enjeu pour le géant de Seattle, mais son modèle économique, par abonnement ou pas, ne sera rentable que lorsqu’il atteindra un certain seuil volumique. Ce qui est loin d’être acquis pour le moment. Idem pour l’ensemble des services lancés par le site.
Du reste, Amazon n’a pas un budget R&D si conséquent au regard du nombre des nouveaux projets lancés. Celui-ci était ainsi d’à peine 6% en 2011 de son chiffre d'affaires. Un taux très bas comparé à des géants de l'électronique (industriel certes) comme Samsung qui y consacrent chaque année entre 25 et 30% de leurs ressources. Mais Amazon l’a compris. Il n’y a pas besoin de dépenser beaucoup pour avoir une bonne idée. Et encore moins pour faire le buzz. Il suffit parfois de prononcer le mot "drone" à la télé...
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