Attentats : la direction du Trésor évalue l'impact économique à 2 milliards d'euros
Commerce, investissement des entreprises, tourisme : les conséquences des attentats sont évalués par la direction du Trésor, le bras armé de la prévision économique du ministère des Finances, à 2 milliards d'euros, soit 0,1 point de PIB. Malgré la mobilisation des commerçants et des ministres pour favoriser un retour à la normale...
Dans une note que la radio RTL a pu consulter, la direction du Trésor évalue à 2 milliards d'euros, soit 0,1 % de point de PIB, l'impact des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui se traduit notamment par une chute du tourisme et donc de la fréquentation des grands magasins, mais aussi du commerce en province. Exemple, le Mont Saint Michel, habituellement fréquenté par les touristes japonais qui dépensent en restauration, hôtels et achats souvenir, a été déserté. La baisse de fréquentation est également visible dans les centres commerciaux. Pour faire revenir les clients et favoriser les achats, les ministres de Bercy se démènent. Martine Pinville, secrétaire d'Etat au commerce, s'est rendue dans les grands magasins parisiens, dès le surlendemain des attentats, et Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, était ce mercredi 25 novembre dans le centre commercial des Quatre temps, là même où les terroristes projetaient de se livrer à de nouvelles exactions.
Chute de chiffre d'affaires sensible
L'information sur la note du Trésor n'est pas détaillée, mais à date, les fédérations de commerçants indépendants, principalement dans le non-alimentaire, faisaient part d'une chute de chiffre d'affaires de 30 %. L'Union du commerce de centre-ville veut manifestement minimiser l'impact des attentats, en indiquant à la presse généraliste une baisse de 5 % du chiffre d'affaires. Mais le patron des Galeries Lafayette, Philippe Houzé, dans le Figaro, révélait une chute de fréquentation de 30 %, appelant à l'ouverture le dimanche pour compenser. Et ce chiffre n'est pas cohérent avec la baisse de chiffre d'affaires, d'autant que ce sont les touristes - asiatiques, moyen-orientaux ou américains - qui ont les paniers moyens très élevés, et avec un pouvoir d'achat bien plus élevé que la clientèle française, même si celle-ci fait son retour assez rapidement. Le patron des Galeries Lafayette prévoit aussi des promotions pour relancer la machine, qui ne manqueront pas de peser sur l'activité en comparaison d'une période normale de fin d'année, où les prix et les volumes sont très soutenus.
Faible impact au niveau macro-économique
Reste que le manque à gagner pour l'économie française, s'il se cantonne à 0,1 % et si la somme de 2 milliards d'euros paraît élevée, pourra être facilement absorbé, notamment avec les recettes des impôts qui ont même permis au ministère du Budget d'annoncer un déficit réduit à 3,8 %, quand en milieu d'année, il avait négocié avec Bruxelles un niveau de 4 %. Il faudra y ajouter le coût de la sécurisation exceptionnelle des lieux publics, évalués pour l'Etat à 600 millions d'euros (le coût pour le privé n'est pas connu). Et si la situation redevient normale, la consommation pourrait rebondir, comme après les attentats du mois de janvier 2015, qui n'avaient finalement pas pesé sur la consommation du premier trimestre, en forte hausse de 0,7 %.