Au premier trimestre 2018, Amazon explose tout
Amazon dépasse les 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires trimestriel (+43% !), bat les attentes des analyses sur tous ses indicateurs financiers, et se paie le luxe de rehausser de 20 dollars le tarif annuel de son programme Prime aux Etats-Unis.
N'en déplaise à Donald Trump, Amazon vient de se payer l'une des meilleures annonces de résultats trimestriels de son histoire.
43% de croissance, un bénéfice net multiplié par 2
Amazon enregistre 51 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur le premier trimestre. C'est plus que les 49,8 milliards attendus par les analystes, mais c'est surtout 43% de plus qu'à la même période l'an dernier. Ces 51 milliards se répartissent en 31,6 milliards de vente de produits (+33%) et 19,4 milliards de vente de services (+62%). Ou encore en 30,7 milliards en Amérique du Nord (+46%), 14,9 milliards à l'international (+34%), et 5,4 milliards pour la branche cloud AWS (+49%).
Amazon double par ailleurs son bénéfice net, qui passe à 1,6 milliard de dollars sur trois mois, en grande partie grâce AWS mais également grâce aux revenus publicitaires, en croissance de 139% à 2,03 milliards de dollars et aux marges plus élevées que l'e-commerce. Les deux activités, cloud et publicité, battent le consensus.
Le deuxième trimestre s'annonce excellent
Les prévisions d'Amazon pour le deuxième trimestre dépassent elles-aussi les attentes des analystes. La firme table sur un bénéfice opérationnel compris entre 1,1 et 1,9 milliard de dollars, à comparer au 1,01 milliard attendu et aux 628 millions du deuxième trimestre 2017. Elle anticipe par ailleurs des ventes en hausse de 34% à 42%, comprises entre 51 et 54 milliards de dollars.
déplacement du curseur coûts-recettes de Prime
Amazon rehaussera le 11 mai de 20 dollars le tarif annuel de son programme Prime aux Etats-Unis, qui passera de 99 à 119 dollars. Bouquet de services incluant la livraison gratuite sous deux jours en illimité, Prime est le levier le plus important de la domination d'Amazon. Ses membres, ultra-captifs, dépensent plus et plus fréquemment que les autres clients. Mais il coûte extrêmement cher à financer. Le nombre de produits éligibles est passé de 20 millions en 2014 à plus de 100 millions aujourd'hui. Pour assumer la charge, Amazon est contraint d'investir lourdement dans son infrastructure logistique. Le lancement de Prime Now – livraison sous 2 heures d'essentiels du quotidien – n'a pas arrangé les choses, or le service a commencé à s'étendre aux magasins Whole Foods (10 villes couvertes aujourd'hui). Amazon a également investi des milliards pour créer ou acquérir des contenus cinéma ou TV, qu'il offre sans surcoût aux membres Prime et alimentent son attrait. Amazon annonce d'ailleurs avoir obtenu de la NFL les droits de retransmission en streaming des matchs du jeudi soir de la ligue de football américain, un contrat de 130 millions de dollars. Rappelons enfin que Jeff Bezos a dévoilé mi-avril compter plus de 100 millions de membres Prime dans le monde (dont certains sont des abonnés mensuels).
La hausse du tarif annuel de Prime peut donc être lue comme une manière de booster significativement les revenus d'abonnement d'Amazon, qui au premier trimestre s'affichaient déjà en croissance de 60% à 3,1 milliards de dollars. Mais elle peut aussi être comprise comme une manière de mieux financer une mécanique (vertueuse mais) coûteuse pour le marchand.
Action et capitalisation
Résultat de ces bonnes nouvelles, l'action d'Amazon a immédiatement gagné 7% après-bourse pour atteindre un nouveau plus haut, offrant 8 milliards de plus à la valeur boursière de Jeff Bezos, son premier actionnaire. En un an, l'action du géant de l'e-commerce a gagné 30%, quand la moyenne des 500 plus grosses sociétés cotées américaines déclinait de 1%. Amazon compte aujourd'hui 563.100 salariés à temps plein ou partiel, en hausse de 60% grâce à l'acquisition de Whole Foods en juin 2017.