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Alors que le projet de loi consommation est examiné à l’Assemblée nationale en seconde lecture, un amendement concernant les ventes de lunettes sur internet a surpris les entreprises d’optique, qui craignent une chute sensible de leur chiffre d’affaires. Le ministre a en effet évalué à "un milliard d’euros" l’économie potentielle des consommateurs dans leurs achats de produits d’optique en ouvrant la vente aux sites internet. "Je rappelle que 40 millions de Français portent des lunettes à verres correcteurs: les 18 millions de presbytes doivent renouveler leurs verres progressifs tous les trois ans en moyenne, tandis que les 22 millions de clients non presbytes le font tous les cinq ans, a exposé le ministre de la Consommation devant les députés. Le prix moyen d’une paire de lunettes équipée de verres ordinaires est de 300 euros, mais il atteint 580 euros quand il s’agit de verres progressifs. On estime que, du fait de ces prix élevés et du faible remboursement par leur mutuelle, près de trois millions de Français renoncent à s’équiper de lunettes de vue."
Une mention pour fabriquer en ligne
L’amendement vise donc à imposer une prescription médicale pour l’achat de verres correcteurs et de lentilles, laquelle devra faire figurer la mention de l’écart pupillaire qui permettra aux sites de vente en ligne de les fabriquer. "Il est important de soulager les ménages d’une dépense pesant lourdement sur leur budget, alors que l’on sait que le coût moyen est bien supérieur en France à ce qu’il est ailleurs en Europe. C’est l’une des plus grandes innovations introduire dans le projet de loi en seconde lecture", a ajouté le ministre. La baisse de prix attendue est évaluée à 30 ou 40%.
Optic 2000 en tête de la révolte
Le groupement d’opticiens Optic 2000 a aussitôt réagi à cette annonce. "Optic 2000 se révolte contre les déclarations de Benoit Hamon, selon lesquelles la vente de lentilles et de lunettes par internet rapporterait un milliard d’euros de pouvoir d’achat. Sur un secteur qui emploie environ 100.000 personnes et qui pèse 6 milliards d’euros, de telles mesures provoqueront à court terme une baisse de 16% du marché et mécaniquement la perte d’au moins 16.000 emplois. A l’heure où les plans sociaux sont devenus de véritables affaires d’état et où la courbe du chômage est une préoccupation quotidienne, j’ai du mal à entendre le ministre de la consommation annoncer un tel plan social !" déclare Didier Papaz, président directeur général du Groupe Optic 2000.
Le groupement dispose toutefois d’un site marchand, permettant aux consommateurs de faire leur choix en ligne avec une garantie de prix mais impose le passage en magasin pour la mise au point de l’équipement. « L’opticien, au-delà d’être un commerçant, est également un professionnel de santé diplômé », défend Didier Papaz. Mais l’adoption de la mesure dans la loi ne semble pas faire de doute. Ce n’est d’ailleurs pas le seul produit de santé qui sort de son territoire de vente habituel. Dans la loi Hamon, les pharmacies perdent aussi le monopole des tests de grossesse et des produits d’entretien de lentilles.