Boulanger restructure Saturn
Au menu du prochain comité central d'entreprise, un plan de sauvegarde de l'emploi qui prévoit 150 départs. Les syndicats redoutent beaucoup plus de casse et dénoncent un alignement vers le bas.
Le changement de nom est explicite. Baptisé Cap Boulanger depuis son rachat effectif le 1er juillet, Saturn doit changer de planète, les 35 magasins comme les 2 000 salariés. Et la mue est rude. Après des premiers mois durant lesquels la direction a donné des signes d'apaisement - Francis Cordelette, PDG de Boulanger, a promis de ne pas fermer le siège de Saturn à Ris-Orangis (Essonne) pendant deux ans -, le dialogue s'est progressivement tendu, sans être rompu. Prochain enjeu, la négociation d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), au programme du comité central d'entreprise (CCE) le 15 décembre.
La bataille des chiffres ne fait que commencer. Selon Francis Cordelette, « 150 personnes verront leur poste supprimé, deux à trois postes par magasin et 90 personnes au siège de Saturn ». Christophe Bérille, lui, craint beaucoup plus. « Boulanger va être obligé de mettre en place un plan social plus vaste. Des postes chez Saturn n'existent pas chez Boulanger, comme les comptables des magasins, une fonction centralisée », explique ce délégué syndical central CFDT, première organisation représentée chez les salariés, avec 29% des voix.
Deux modèles différents
C'est là que le bât blesse : les deux entreprises ne sont pas construites sur le même modèle. Centralisation pour le repreneur, autonomie pour l'autre ; salaires fondés sur les primes pour Boulanger, mais sur un fixe élevé pour l'enseigne reprise... Autant de différences qui expliquent le malaise des salariés de l'ex-Saturn aujourd'hui. Francis Cordelette en est bien conscient. « Les deux entreprises étaient très proches l'une de l'autre, mais fondamentalement différentes : Saturn fait de la distribution en mettant des produits en rayon, Boulanger fait de la vente. Depuis la reprise, nous avons centralisé les entrepôts d'approvisionnement, les outils informatiques, changé les enseignes et mis en place un management de type Boulanger. »
Au-delà du changement de culture, inévitable, les syndicats pointent la dégradation des conditions de travail. Fait rarissime dans la grande distribution, les cadres sont même montés au créneau et se sont organisés sous forme d'un collectif. « Les 250 personnes du siège de Saturn se retrouvent désoeuvrées, car tout est centralisé dans le Nord de la France, au siège de Boulanger », précise Christophe Bérille. Depuis l'annonce du rachat il y a un an, près de 400 personnes sont parties de leur propre fait. Un seul accord, celui sur les rémunérations, a rallié tous les syndicats. Les vendeurs de l'ex-Saturn se voient proposer des avenants sur leur contrat de travail revoyant leur salaire à la hausse, pour « 95% » d'entre eux, selon Francis Cordelette.
Rien n'est acquis
En revanche, deux autres accords sur les acquis sociaux et sur la réorganisation des magasins bloquent. CFDT et CGT, qui représentent plus de la moitié des salariés à eux deux, contestent la suppression du maintien de salaire en cas d'arrêt maladie, ainsi qu'un certain nombre d'acquis sociaux de Saturn qui disparaissent avec Boulanger.
Salariés comme syndicats craignent surtout un plan de suppression d'emplois bien plus important que celui annoncé. Ceux-ci s'inquiètent du sort des 250 salariés employés par les six magasins Saturn qui cherchent toujours un repreneur, après l'ordre de l'Autorité de la concurrence de les céder. À cela s'ajoutent les magasins jugés « doublons » - Plaisir (78), Mérignac (33). En attendant, les négociations autour du PSE entrent dans leur phase finale. Il faudra arracher plus de 3 000 € d'indemnités pour une secrétaire comptable qui a dix ans d'ancienneté.
Beaucoup de différences
- Un fonctionnement centralisé chez Boulanger, alors que chaque magasin Saturn gère ses achats et ses stocks de manière autonome.
- Des écarts de salaires, avec un fixe assez élevé chez Saturn et une rémunération à la commission chez Boulanger. Davantage de personnel chez Saturn (50 par magasin en moyenne).
- Une différence de rentabilité, Boulanger générant plus de marge que Saturn.
Carnet des décideurs

Sabrina Carolo
Directrice organisation et simplification opérationnelle de Boulanger

Eric Auzeneau
Directeur des services du groupe Boulanger

Sébastien Henouille
Directeur opérationnel du service client du groupe Boulanger

Claire Verbrugge
Directrice marketing du groupe Boulanger et directrice générale de Boulanger location

Daniel Broche
Directeur de la clientèle du groupe Boulanger

Arcindo Corucho
Directeur services livraisons de Boulanger

Céline Ritel
Directrice ressources humaines et expérience collaborateur de Boulanger Business Services

Gregoire Rousseau
Directeur opérationnel France du groupe Boulanger

Gaele Wuilmet
Directrice de clientèle du groupe Boulanger

Gregory Leleu
Directeur marketing client de Boulanger

Denis Delebarre
Directeur de l’organisation et des systèmes d'information de Boulanger

Cédric Leprince-Ringuet
Directeur du développement des Comptoirs Boulanger