
La rédaction vous conseille
La parole est aux consommateurs. Pour savoir d'où vient leur lait, avoir un cahier des charges en cohérence avec leurs attentes, connaître les producteurs et sortir la filière laitière de la crise, 8 000 personnes ont décidé de lancer une marque de lait : C'est qui le patron ? Elles se sont exprimées sur la plateforme lamarqueduconsommateur.com, mise en place au mois d'août, à l'initiative de l'association anti-gaspillage alimentaire, Les Gueules Cassées. Le nouveau cahier des charges élaboré impose un lait sans OGM origine France, un pâturage entre 3 et 6 mois par an, des fourrages locaux, une rémunération qui permet aux producteurs laitiers de profiter de son temps libre... Les participants ont fixé le prix de la brique à 0,99 euro le litre contre 0,69 euro pour les produits traditionnels du marché, soit une rémunération finale de 390 euros les 1 000 litres de lait aux producteurs. « Les consommateurs ont inventé un concept inédit, basé sur la transparence. En dépensant entre 3 et 4 euros de plus par an, sur les 55 litres de lait consommés annuellement par habitants, les Français sont en train de sortir les producteurs laitiers d'une situation critique. Le consommateur a choisi de payer plus cher un produit mais il sait exactement à qui sera versé l'argent », se félicite Nicolas Chabanne, président des Gueules Cassées.
51 producteurs engagés
Cette démarche a immédiatement séduit l'enseigne de distribution Carrefour. Aujourd'hui, 51 producteurs laitiers, repartis dans la Bresse et de l'Ain y ont adhéré. « Ces éleveurs avaient le couteau sous la gorge. Ils étaient rémunérés 200 euros les 1 000 litres. Le cahier des charges adopté par les consommateurs collait avec leur méthode de production, donc l'aventure pouvait commencer », ajoute-t-il. Autre partenaire : la Laiterie Saint-Denis-de-l'Hotel, dans le Loiret, qui récupère et conditionne le lait avant de l'envoyer à l'ensemble des magasins et drive Carrefour ainsi que chez Carrefour Ooshop. L'opération va démarrer début octobre et Nicolas Chabanne table sur des volumes de 7 à 10 millions de litres pouvant aller jusqu'à 26 millions. « Nous souhaitons que cette démarche prenne de l'ampleur. Trois autres enseignes se sont rapprochées de nous et des marques comme Fleury Michon pourraient être intéressées », confie Nicolas Chabanne. Ainsi, on peut envisager que ce nouveau modèle puisse toucher d'autres secteurs de l'alimentaire comme la viande ou encore les œufs.