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Deux ans tout juste après sa reprise par le groupe industriel Altia, associé à la Banque publique d’investissement (bpifrance), Caddie se trouverait à nouveau en difficultés, les syndicats évoquant même le spectre d'un dépôt de bilan. Hier mardi, les organisations syndicales avaient appelé à une journée de grève sur le site de Drusenheim, berceau historique du fabricant alsacien.
Manque de trésorerie mais carnet de commandes rempli
Mais un porte-parole de la direction a souligné que les difficultés étaient dues à un manque de trésorerie lié aux efforts consentis pour relancer la marque et non aux commandes qui sont reparties à la hausse, selon Reuters. Ces derniers mois, Caddie avait notamment étoffé son offre en lançant un modèle de chariot hybride mêlant métal et plastique, le « Caddie&Motion », qui faisait jusque-là cruellement défaut dans son portefeuille d’offres, tandis que les clients des magasins comme les distributeurs eux-mêmes le réclamaient. « On a senti un réveil chez Caddie, qui s’était endormi sur ses lauriers », glisse un directeur de magasin.
Les fournisseurs non payés ne livrent plus
De fait, Caddie, qui emploie 420 personnes, dispose d'un carnet de commande de huit millions de chariots. Mais ils ne sortent plus de l'usine, faute de pièces que les fournisseurs, qui ne sont plus payés, ont cessé de livrer. La Banque publique d’investissement, actionnaire à hauteur de 20% d'Altia, un groupe qui revendique 450 millions d'euros de chiffre d'affaires et 4000 salariés, serait sollicitée pour apporter un million d'euros afin de "terminer le mois" selon les syndicats.
Une délégation de l'intersyndicale a rencontré hier mardi Jacques Muller, le commissaire au redressement productif de la région Alsace. "On nous a annoncé le placement du groupe sous mandataire judiciaire ad hoc", a indiqué Christophe Payet, délégué CFDT, cité par Reuters. Une expertise financière sur les comptes d'Altia doit être menée d'ici au 9 juin.
Toujours pas de transfert d'usine
La direction rappelle de son côté qu'Altia a procédé fin décembre à une augmentation de capital de Caddie à hauteur de 3 millions d'euros et que des discussions sont en cours entre les actionnaires en vue d'une nouvelle augmentation de capital. "Il n'y a pas lieu de sonner le tocsin", a dit un porte-parole, ajoutant que le management allait aussi être renforcé. Pascal Acker, délégué CGT, estime qu'il faut "au moins 20 millions d'euros, d'abord pour regonfler les stocks, ensuite pour réaliser des investissements".
En reprenant Caddie à la barre du tribunal, Altia s'était notamment engagé à transférer à Drusenheim l'unité de galvanisation d'Oberhausbergen, près de Strasbourg, ce qui n'a pas été fait en dépit des coûts logistiques induits par la situation.
Les syndicats craignent qu'Altia, qui s'est constitué par rachats d'entreprises, notamment dans la sous-traitance automobile, n'ait jeté son dévolu sur Caddie que pour s'emparer de la marque et des brevets. "La meilleure solution serait d'être repris par un vrai industriel", juge Pascal Acker.