Carrefour va-t-il payer Dia France trop cher ?
Les spécialistes de la bourse s'étonnent de la valorisation de Dia France à 600 millions d'euros, quand les plus pessimistes pariaient sur un euro symbolique. Pourquoi Carrefour a-t-il accepté de payer le prix fort ?
Depuis l’annonce du rachat de Dia France par Carrefour, les analystes se succèdent pour livrer leur vision du deal en cours de négociation. Pour l'instant, c’est surtout la valorisation de Dia, jugée plutôt élevée, qui soulève des interrogations. D’après Morgan Stanley, le montant de 600 millions d’euros est près de deux fois supérieur aux attentes du marché. Si la filiale concentre un total de 490 millions d’euros d’actifs (dont 200 d’immobiliers et 200 de fonds de commerce), elle doit aussi gérer près de 250 millions d’euros de dette et 34 millions de pertes opérationnelles prévues pour 2014.
De son côté, Natixis estime le prix plus réaliste que les estimations basses. « En dépit du délitement des performances en France, nous n’avons jamais cru à une cession pour un euro symbolique, compte tenu notamment de la qualité de l’actif dans les mégapoles (Paris, Lyon, Marseille…) », écrit la banque dans sa note. « Nous comprenons la pertinence stratégique du deal mais nous le trouvons cher », résume la banque Kepler Chevreux. En clair, Carrefour a choisi de payer le prix fort. Selon nos informations, Casino n'a pas proposé plus de 450 millions d'euros pour la reprise du hard discounter.
250 magasins en région parisienne
Pourtant, Carrefour a ses raisons. En effet, l’acquisition de Dia lui permet de gagner 1,6 % de part de marché à l’heure où Leclerc menace son leadership. « Acquérir Dia France donne au groupe Carrefour une distance confortable, avec une part de marché de 21,9 % contre 19,6 % pour Leclerc », poursuit Kepler Chevreux. Ensuite, la transformation des Dia en magasins Carrefour City ou Contact pourrait produire un effet très positif sur le chiffre d’affaires. En moyenne, les Dia tournent autour de 2900 euros au mètre carré, soit presque deux fois moins que la proximité Carrefour. Surtout, la part du réseau la plus performante est située dans des régions stratégiques, fortement urbanisées.
Jusqu'à 150 millions d'euros pour fermer 200 magasins
D’après Morgan Stanley, sur 850 magasins, 250 sont en région parisienne, et 200 de plus dans un triangle Lyon-Marseille-Nice. A eux seuls, ils représenteraient 60 % des ventes et plus de 100 % des profits. Cela implique que le reste du réseau perd de l’argent. Et sa « rationalisation » coûterait jusqu’à 150 millions d’euros pour 200 magasins fermés. Du coup, certains commentateurs imaginent déjà des solutions alternatives où de nombreux Dia seraient convertis en drive. A confirmer tant Georges Plassat n’a jamais du drive une priorité...
Enfin, il ne faut pas oublier l’histoire de Dia. Après tout, l’enseigne faisait encore partie du groupe Carrefour en 2011. Il y a fort à parier que Carrefour a conservé une connaissance fine du réseau et de ses équipes. Un facteur essentiel pour que la greffe prenne au plus vite.