
5 des 32 magasins de la région parisienne de Bricorama, fermés le dimanche depuis le 4 novembre suite à une décision de justice, vont pouvoir rouvrir "prochainement" après avoir été classés en PUCE (périmètre d'usage de consommation exceptionnelle), a annoncé mercredi Jean-Claude Bourrelier, fondateur et pdg de Bricorama. Ces ouvertures (magasins d'Orgeval, de Villiers-sur-Marne, Thiais, Ivry et Fontenay-sous-bois) ne sont pas pour autant le signal d’un déblocage du dossier du travail dominical, puisqu’elles se font au cas par cas. L’annonce a été faite par M. Bourrelier au sortir d’une réunion à Matignon, lors de laquelle le patron de Bricorama a été recu par trois conseillers du premier ministre. Bricorama "est actuellement la seule enseigne à subir les conséquences de l'interdiction du travail le dimanche. Il revient au pouvoir exécutif de mettre un terme à ce désordre", indique Jean-Claude Bourrelier dans une lettre transmise au Premier ministre, lui demandant notamment de saisir l'Autorité de la concurrence.
25 millions d'euros de pertes en année pleine
A travers ce document, il demande "de généraliser l'ouverture des magasins le dimanche, soit encore généraliser l'interdiction d'ouverture" dominicale à toutes les enseignes, pour que tous les acteurs soient sur un pied d’égalité. Selon le directeur d’exploitation de l’enseigne, le manque à gagner lié à la fermeture des magasins le dimanche représente en année pleine environ 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, et des pertes de 12 millions d’euros de marge. Par magasin, le manque à gagner est de 500.000 euros par dimanche. "Dans mon entreprise, je n’ai jamais eu de problème pour trouver des salariés prêts à travailler le dimanche. J’ai même trop de volontaires" a indiqué M. Bourrelier, qui a évoqué le non renouvellement de 250 à 500 emplois, surtout des étudiants, en raison de la fermeture du dimanche.
Prêt à aller jusqu'au niveau européen
Sur le plan judiciaire, l'enseigne a déjà assigné 24 magasins de Castorama et Leroy Merlin pour concurrence. Ces derniers ont introduit une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) lors d'une audience en janvier, qui retarde la procédure. Bricorama attend désormais une décision du Conseil constitutionnel "dans les prochains mois" pour poursuivre son action contre ses concurrents. "Nous n'excluons pas, si rien ne bouge, de déposer une plainte contre l'Etat, qui accorde injustement des dérogations à certains et crée de fait une distorsion de concurrence", a conclut M. Bourrelier. "S'il faut aller à l'Europe, on ira à l'Europe", a-t-il ajouté.