Cleor, les codes de la distribution appliqués à la bijouterie
Le marché de la bijouterie, durement frappé par la crise, en est à sa troisième année consécutive de baisse. Pour autant, il n’est pas sinistré pour tout le monde. Cleor parvient ainsi à échapper au marasme et déploie un nouveau concept.
JEAN-NOËL CAUSSIL.
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JEAN-NOËL CAUSSIL.
Bruay-la-Buissière et Vendin-le-Vieil. Parfaits symboles d’une stratégie de l’évitement gagnante mise en place par l’enseigne de bijouterie Cleor. C’est dans ces petites villes du Pas-de-Calais, qu’elle a inauguré, fin août, ses deux premières boutiques au nouveau concept. Et s’il est trop tôt pour en tirer un bilan, disons que les + 10 à + 20% enregistrés ont de quoi donner le sourire à Gilles Bennejean, le fondateur de Cleor, créée en 1997. Et quand bien même, d’ailleurs. Le réseau dans son ensemble, fort de 127 bijouteries, se porte bien. « Sur un marché à - 4%, Cleor devrait finir à + 5% en comparable, pour atteindre 80 millions d’euros hors taxes », indique le PDG.
Une stratégie à contre-courant, mais payante
Le pari à la base de cette réussite ? « Les techniques de la distribution appliquée à la bijouterie », résume Gilles Bennejean. Soit des magasins le plus possible ouverts sur l’extérieur, pour donner envie d’entrer et, à l’intérieur, un merchandising et une théâtralisation pensés pour susciter l’envie d’acheter.
Le mix-produit est aussi là pour cela. Car Cleor ne fait pas grand-chose comme la concurrence. À commencer par ses implantations. « J’ai besoin de zones de flux, c’est le plus important, réagit Gilles Bennejean. Après, je me débrouille. » Une politique qui vient des origines quand, en 1997, l’enseigne a tout à prouver, et donc pas de quoi faire la difficile. « On allait partout où les autres ne voulaient pas. » C’est-à-dire ni dans les grandes villes, ni dans les grands centres commerciaux.
En réalité, un mal pour un bien. Car de quoi, finalement, se développer à son rythme, dans un environnement sain : on a toujours besoin d’une bijouterie près de chez soi, après tout. Un modèle de toute manière vieux comme la distribution… Certes, si l’on connaît tous les fameuses « rues de la chaussure » où s’entassent tous les acteurs du marché pour profiter de l’attractivité ainsi créée, l’inverse est tout aussi porteur.
Tout repose sur le bon mix-produit, afin de s’adapter à une clientèle par définition différente du cadre habituel. « Nous misons sur l’accessoirisation de l’offre pour briser les codes et favoriser l’achat plaisir et l’impulsion, résume Gilles Bennejean. Quand les bijoux en or représentent 70% du marché environ, ce n’est, chez Cleor, que 30 à 35%, car nous privilégions les autres métaux. Cela nous permet de proposer des prix très attractifs et variés, qui vont de 20 € jusqu’à 5 000 ou 6 000 €. » Pour tous les goûts, donc, avec des marques propres particulièrement mises en avant, représentant jusqu’à 60% des ventes. Et avec un panier moyen tout sauf ridicule : 62 à 63€.
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Les codes de la grande distribution appliqués à la bijouterie
Une façade le plus ouverte possible : |
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Bijoux fantaisie à l’honneur Pour démocratiser l’acte d’achat en bijouterie, qui ne va pas forcément de soi, Cleor mise sur les bijoux fantaisie, souvent en marque propre, pour susciter l’impulsion. |
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Des prix attractifs
Pour tous et pour tous les goûts. |
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Théâtralisation soignée Donner l’envie d’acheter et démocratiser l’acte d’achat, tel est le leitmotiv de Cleor. |
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Pas que des bijoux |
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Présentation aérée C’est une lapalissade que de le dire : pour qu’un bijou soit vendu, encore faut-il qu’il soit vu. Cleor s’y attelle donc, avec des meubles de présentation installés au centre des boutiques. |
Le positionnement
- Des prix attractifs, qui viennent démocratiser la bijouterie.
- Un concept le plus ouvert possible, pour engager à entrer et fureter, comme dans n’importe quel commerce « mass market ».
- Des emplacements originaux, souvent là où les autres enseignes ne sont pas présentes.
80 M € : Le chiffre d’affaires HT attendu pour 2014 (+ 5%)
127 : Le nombre de magasins
200 : Le nombre de bijouteries visées pour 2017
100 m² : La surface de vente « idéale »
Source : Cleor