
La filière laitière se trouve dans une situation catastrophique en France : le prix du lait a flambé en 2013 avec une hausse de 9 % à 344 euros/1 000 litres. Ainsi, la facture supplémentaire pour la transformation laitière s’élève à 700 millions d’euros quand le résultat net est de 300 millions d’euros. Et pour 2014, les indicateurs indiquent d’un nouveau record de prix du lait va encore être battu. Mais outre l’impact de la hausse des matières premières, « nous sommes dans une impasse commerciale avec la grande distribution qui se livre une guerre des prix », indique Olivier Picot, président de la Fédération Nationale des Industries Laitières (FNIL)
« Sauver le soldat Papin »
Alors que les matières premières ont cru, le prix en magasin tend à baisser (-1 % pour les produits laitiers), engendrant ainsi une spirale déflationniste. Aujourd’hui, les entreprises laitières ne pourront pas vivre un nouveau choc d’une telle ampleur et une telle situation pourrait engendrer des conséquences pour la filière française en termes de perte d’emploi et de fermetures d’outils industriels. « Nous appelons les distributeurs à bouger et à prendre conscience des difficultés de la filière comme l’a fait Serge Papin (Système U). Il faut sauver le soldat Papin ! », confie Olivier Picot.
Selon le président de la FNIL, dans ce contexte, il n’y a pas de méchant mais plutôt un problème politique. « La guerre des prix, c’est une volonté politique. Mais aujourd’hui, au niveau légal, nous n’avons aucune marge de manœuvre », ajoute-il. Mais dans ce rapport dominant (distributeur)-dominé (industriels), la grande distribution ne peut pourtant pas se passer des produits laitiers dans ses rayons (2ème poste de dépense alimentaire des ménages français). « La solution ne réside pas forcément uniquement sur les hausses de tarifs mais il faut trouver un système pour être gagnant sur toute la chaine (producteur-transformateur et distributeur). Aujourd’hui, nous faisons des affaires avec cinq distributeurs et il n’est pas question d’en perdre un ».