Crise laitière : la FNCL demande une implication des pouvoirs publics
Pour essayer de sortir de la crise laitière, la FNCL aspire à un fonctionnement européen afin de réduire les volumes de la collecte des états membres. Par ailleurs, les nouvelles habitudes de consommation des pays émergents pourraient être un bon relais de croissance pour les acteurs du monde laitier.
La crise laitière persiste. Le ralentissement des importations chinoises, l’embargo russe et la surproduction laitière européenne place le marché dans une situation délicate sans précédent. Lors de son Assemblée Générale, qui s’est tenue le 21 avril 2016, la FNCL (Fédération Nationale des Coopératives Laitières) a rappelé le rôle que jouaient les coopératives dans l’environnement économique de ce marché. « Le chiffre d’affaires des coopératives laitières a progressé de 4 % à 12,5 milliards d’euros, dont 3,5 milliards à l’international (+8 %) », explique Dominique Chargé, président de la FNCL. Occupant ainsi une place clé dans l’univers laitier, les coopératives, qui subissent une baisse du prix de lait de 8 % en janvier 2016, demandent une maitrise des volumes européens afin de redevenir compétitives sur la scène internationale.
Des subventions distribuées par l’Europe
Car si la France a maitrisé son offre en 2015 (+0,1 % de croissance de la collecte nationale), elle subit la surproduction des pays du nord comme l’Irlande (+13,3 %) et les Pays-Bas (+6,9 %). Dans ce cadre, la FNCL demande des mesures européennes pour améliorer la situation. La Fédération salue la décision de la Commission européenne, prise le 11 avril, d’ouvrir la voie à une limitation temporaire de la production de lait, mais « nous souhaitons que la Commission restreigne la distribution des aides aux états membres qui respectent la baisse de leurs volumes et que les subventions ne soient pas décidées au niveau des états. Il faut avoir un fonctionnement européen », ajoute Dominique Chargé. Une nouvelle rencontre européenne est prévue le 25 mai avec les opérateurs laitiers. Pour le président de la FNCL cette réunion n’aura probablement pas de résultat immédiat, mais elle peut avoir un impact psychologique. « La décision européenne commencera par un axe franco-germanique solide », indique Dominique Chargé.
Miser sur les nouvelles tendances de consommation des émergents
Si des décisions doivent être prises au niveau européen, les opérateurs laitiers doivent se tourner de plus en plus vers l’export et réfléchir aux attentes des consommateurs de ces pays émergents, dont le pouvoir d’achat ne va cesser de grandir dans les prochaines années. « La croissance des produits laitier est flatte dans les pays matures mais elle progresse dans les émergents à hauteur de 1 à 2 % par an », détaille Céline Laisney, fondatrice d’AlimAvenir, une société spécialisée dans les évolutions alimentaires. Par ailleurs, outre les produits laitiers classiques, le segment des alternatifs (spécialités, vitaminés, aromatisés et bio) va connaitre une envolée. Il pourrait atteindre 19,5 milliards de dollars d’ici 2020, dont une large part concernerait les pays émergents. Concernant le bio, si les pays matures sont en tête en terme de consommation, la Chine se situe en 4ème position (3,7 milliards d’euros, en croissance de 35,5 %, versus 5 milliards pour la France). Les yaourts probiotiques et le snacking sain sont également des habitudes qui commencent à entrer dans les comportements alimentaires de ces pays. Un virage que pourrait prendre les acteurs du lait afin de profiter de ces nouveaux segments qui tendent à se développer dans ces régions du monde.