Delpeyrat va plus loin que l'IGP du Sud-Ouest
Marie Cadoux
\ 00h00
Marie Cadoux
Pour mériter l'Indication géographique protégée (IGP) foies gras du Sud-Ouest, les produits doivent être issus de canards élevés dans la région, mais les canetons peuvent provenir d'ailleurs. Avec sa nouvelle marque 100% Sud-Ouest, Delpeyrat entend faire encore mieux, en garantissant que ses canards aussi sont nés dans la région... Depuis dix ans, la coopérative dispose d'un couvoir à Aignan, dans le Gers, d'où sortent chaque année environ 1,5 million de canetons. Grâce à un investissement de 10 millions d'euros dans la modernisation de ce dernier et dans la création d'une ferme de reproduction, « d'ici la fin de l'année 2011, près de 6 millions de canards sur une production globale de 10 millions auront une traçabilité 100 % Sud-Ouest », s'enthousiasme Thierry Blandinières, président de Delpeyrat.
Des questions en suspens
La filière du groupe coopératif Maïsadour affirme ainsi anticiper la réglementation européenne sur l'information des consommateurs, actuellement en cours de discussion à Bruxelles. Cette dernière pourrait obliger les industriels, d'ici 2013, à spécifier explicitement l'origine des matières utilisées.
L'IGP est-elle menacée ? « Il s'agit d'une démarche d'entreprise qui s'inscrit au contraire en complément de notre cahier des charges », réagit Marc Roose, directeur de l'IGP foies gras du Sud-Ouest. La plupart des couvoirs et des fermes de reproduction se situent en Vendée et dans les Pays de la Loire. Selon Delpeyrat, la pression de l'élevage hors-sol y est beaucoup plus forte que dans le Sud-Ouest. Avec, à la clé, des risques sanitaires plus importants. Mais au-delà de ces considérations, Delpeyrat espère prendre une longueur d'avance. « Avec cette démarche, nous n'augmenterons pas nos tarifs auprès des distributeurs. Mais si le cours des matières premières descend, nous ne baisserons pas non plus nos prix », prévient Thierry Blandinières. Les marques nationales, Montfort et Labeyrie, qui ne disposent pas de couvoirs ni de fermes de reproduction dans le Sud-Ouest, emboîteront-elles le pas à Delpeyrat ? Que comprendront les consommateurs déjà confrontés à une segmentation déjà complexe du marché ? Enfin, Delpeyrat aura-t-il les moyens de mener une démarche similaire dans le jambon de Bayonne, dont il est numéro un ? Autant de questions qui restent, pour le moment, en suspens...