Easydis met de l'ordre dans les entrepôts de Casino
Cette redistribution des cartes a pour but de « créer de la valeur avec une activité qui représente d'abord un poste de coûts », justifie Gilles Lebreux, ex-directeur logistique de Casino, devenu directeur général d'Easydis. Une obsession partagée par l'ensemble des distributeurs. Tous s'accordent également sur la solution : elle passe par l'optimisation des ressources. À commencer par les plates-formes de distribution. Ce qui est novateur, c'est la démarche de Casino pour y parvenir. Afin de faire tourner à plein régime ses 600 000 m2 d'entrepôts, Easydis y traite des flux pour le compte de clients extérieurs au groupe. Pour son premier exercice (clos le 31 décembre 2000), la société affichera 120 millions de francs (18,29 M EUR) de chiffre d'affaires avec des clients extérieurs, ce qui représentera 5 % du chiffre d'affaires total. « D'ici à quatre ans, le but est d'atteindre 25 à 30 % », annonce Gilles Lebreux.
Easydis a aussi pour mission de réorganiser la logistique de Casino. Actuellement, les entrepôts ne sont pas toujours idéalement situés par rapport aux magasins. Ceux de la région parisienne, par exemple, sont livrés en eau, bière et épicerie depuis Besançon ! De telles situations sont le produit de l'histoire du groupe. « La logistique a suivi la politique d'acquisitions », rappelle Gilles Lebreux. Depuis 1990, Casino a repris La Ruche méridionale, Médis, Franprix, sans oublier les activités alimentaires de Rallye. L'enseigne récupérait ainsi des équipes, des entrepôts et, bien sûr, des flux qu'il n'était pas toujours facile d'insérer dans le schéma logistique existant.
Une pépinière forme les directeurs d'exploitation
Une remise à plat s'imposait. Easydis va réorganiser les circuits de manière à livrer les magasins depuis le centre de distribution le plus proche. Des flux seront ainsi transférés. Mais cela n'est envisageable qu'à la condition de remplacer, pour chaque entrepôt, les volumes perdus par de nouveaux. C'est tout l'objet de la politique commerciale (lire l'encadré).Pour atteindre son but, Easydis devait réunir les moyens humains et matériels de ses ambitions. Six commerciaux ont rejoint la société pour prospecter de nouveaux clients. La création d'entrepôts impose aussi de former des responsables, pour en prendre la direction. La filiale de Casino a créé pour cela une « pépinière d'exploitation ». La structure a démarré en juin avec 5 recrues, dont 2 sont déjà entrées en fonction.
Le troisième chantier a porté sur les outils informatiques de pilotage des entrepôts. Easydis a relié l'ensemble des sites à la centrale, grâce à un réseau de communication global. Elle en a profité pour augmenter sa puissance informatique. « Dans sa nouvelle configuration, l'outil permet de gérer une vingtaine d'entrepôts supplémentaires sans investissements nouveaux », assure Gilles Lebreux.
Tout cela fonctionne sur le papier, mais la chasse aux flux additionnels comporte aussi des risques. En cas de pic d'activité, Easydis pourra-t-elle affecter à Casino des capacités supplémentaires si ses entrepôts tournent déjà à plein régime ? C'est là que se jouera son avenir.