[Edito] Leçons de bricolage
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Le marché du bricolage a connu une folle année 2020. Cette belle performance – un bond de 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires – n’est pas uniquement due aux conséquences de la pandémie Covid-19. Voilà pourquoi on peut retenir quelques leçons de cette année hors normes.
1/ Les porte-monnaie ne sont pas vides Si les Français bricolent à tout-va, on peut en déduire qu’ils le font pour faire des économies, parce qu’ils en ont le temps, mais aussi parce qu’ils en ont les moyens. Il est vrai que, selon la Banque de France, en 2020, ils ont épargné la bagatelle de 130 milliards d’euros de plus qu’une année normale ! Et à la fin de l’année, ce pactole pourrait se monter à 200 milliards ! Pour tous les secteurs du commerce, l’enjeu est donc d’inciter les Français à dépenser cet argent qu’ils ont mis de côté.
2/ L’e-commerce s’installe Avec une croissance des ventes de 88 %, le digital s’installe confortablement dans le bricolage. Fait notable, les pure players (Amazon, ManoMano, BricoPrivé, etc.) pèsent dorénavant 14 % du marché, devant le négoce (13 %). Sans oublier les enseignes classiques qui ont accéléré leur digitalisation. Elles ont su réagir, gagner de la souplesse et de l’agilité. La question, comme ailleurs, n’étant pas de savoir quelle sera la part de marché de l’e-commerce mais quelle part du gâteau prendront les nouveaux entrants.
3/ Les grands paquebots font de la résistance Ces magasins de plus de 10 000 m² s’arrogent 51 % du marché (quasiment autant que les hypers dans l’alimentaire). Ils démontrent ainsi qu’il est possible de résister à la déferlante du digital et à la progression de la proximité. Mais à condition d’avoir un positionnement fort et d’investir dans ses magasins... Leroy Merlin peut inspirer bien des secteurs du commerce, dont des enseignes d’hypermarchés…
4/ La proximité tient bon En France, les 1 914 magasins de bricolage de moins de 4 000 m² affichent un chiffre d’affaires en croissance de 11 % en 2020. Ils répondent clairement à une attente des consommateurs et les enseignes de périphérie multiplient notamment les initiatives en centre-ville pour séduire de nouveaux clients. Ici comme ailleurs, la bataille des grandes agglomérations ne fait que commencer.
5/ Toujours plus de services Les questions de l’assortiment, du tarif et de l’emplacement sont toujours essentielles. Mais le secteur du bricolage doit aussi son salut aux services qu’il ne cesse de multiplier. On ne parle pas produits, on apporte des solutions. On donne des cours, en « présentiel » et en « distanciel », on fait du live streaming et… on met du monde en rayons pour renseigner les clients. Très loin de l’alignement de gondoles d’autres acteurs…
Finalement, beaucoup d’autres secteurs peuvent tirer les mêmes leçons, l’alimentaire et son « fait à la maison » n’étant pas très éloigné du « do-it-yourself » du bricolage. Preuve que, globalement, les tendances sont transversales et mondiales. D’autant que tous les secteurs s’adressent aux mêmes consommateurs, avec leurs contraintes économiques, leurs contradictions et leurs préoccupations environnementales et sociales… D’où l’intérêt d’observer et de s’inspirer plus que jamais de ce que font tous les autres, et non seulement ses concurrents historiques.
ypuget@lsa.fr @pugetyves
