Elsa Chai, cofondatrice de Nota Climat, se lance dans la chasse au « greenwashing »

Ses dates clés

• 2016 Diplômée de l'Essec, elle débute chez Deloitte
• 2019 Chez KPMG, elle participe aux stratégies RSE des grands groupes
• 2022 Elle cofonde Nota Climat

« Le greenwashing, ça n'est pas mentir, c'est plutôt choisir ce que l'on met en avant.» Voilà la leçon qu'a retenue Elsa Chai au contact des grands groupes et de leurs politiques RSE. Après un début de carrière dans le conseil en stratégie chez Deloitte puis KPMG, elle participe au lancement du projet Nota Climat début 2022. Cette application propose une plate-forme de données ouvertes sur la politique RSE de 500 marques de grande consommation avec plus de 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel.

Ici, pas de critères ni de coefficients subjectifs, comme on peut le reprocher à des applis comme Yuka dans l'alimentaire. Nota Climat récupère les rapports RSE des entreprises, dans lesquels elles inscrivent leur bilan carbone, puis compare leur évolution sur les cinq dernières années avec les différents scénarios de réchauffement du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

Le “greenwashing”, ça n'est pas mentir, c'est plutôt choisir ce que l'on met en avant.

Elsa Chai, cofondatrice de Nota Climat

Informer les consommateurs en un clic

Les entreprises qui réduisent leur empreinte carbone dans des proportions compatibles avec l'objectif de maintenir le réchauffement à 1,5 °C ont droit au code couleur vert; les mauvais élèves dont les scénarios de réchauffement se situent entre 2 à 4 °C héritent, eux, d'un picto allant de l'orangé au rouge. Seule pointe de subjectivité : les entreprises qui présentent uniquement leurs émissions directes (les scopes 1 et 2 dans le jargon) et taisent leurs émissions indirectes (scope 3), sont immédiatement classées en rouge, car considérées comme de mauvaise foi. « Le scope 3 représente plus de 90 % de l'empreinte carbone, ça n'est pas sérieux pour une grande entreprise de l'ignorer », martèle Elsa Chai.

De ses années en conseil, elle a aussi retenu que ce n'était pas la volonté de sauver la planète qui faisait bouger les entreprises, mais « le changement de comportement des consommateurs et les risques réputationnels ». D'où l'idée de faciliter l'information du grand public sur la politique RSE des grandes marques avec une appli simple et ergonomique. Selon elle, les départements RSE de ces grands groupes sont sincères dans leur volonté d'améliorer leur bilan carbone, mais ne sont pas toujours écoutés parle reste de l'entreprise, en particulier lorsque certaines actions semblent menacer le bilan. Cet affichage public peut aider à changer les choses. « J'ai rencontré le responsable RSE d'une marque qui était dans le rouge sur Nota Climat, raconte la trentenaire. Il m'a dit “merci, je vais pouvoir négocier un budget en montrant que nous ne sommes pas bons en comparaison avec nos pairs”. » La concurrence pourrait-elle devenir l'alliée de la RSE ?

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