Food Tech : la start-up Agricool invente la fraise qui a du goût… toute l’année
A l’occasion du SIA 2016, qui s’est achevé le 6 mars, la jeune pousse française Agricool a présenté sa fraise écolo, non saisonnière... et pleine de saveur. Le principe : la culture en container, expliquée par Guillaume Fourdinier, cofondateur et CEO d’Agricool.
Des légumes et fruits sains et savoureux toute l’année, à Paris, sans que cela ne nuise à la planète grâce à un circuit court : c’est le pari de deux jeunes entrepreneurs, Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, qui ont présenté leur innovation à l’occasion de ce dernier Salon de l’Agriculture sur le stand de La Ruche qui dit Oui. Principe de ce véritable ovni dans le monde agricole, baptisé Agricool : des fraisiers qui poussent dans des containers. Peu gourmande en eau, cette installation est actuellement testée au parc de Bercy, à Paris, depuis le mois d’octobre 2015. "Nous avons planté 3 600 fraisiers et commencé à faire goûter les fruits aux promeneurs pour nous faire connaître" explique Guillaume Fourdinier, cofondateur et CEO d’Agricool. Le projet est rapidement repéré et dès le mois de décembre, Agricool trouve les financements nécessaires au déploiement du projet. C’est assez naturellement qu’à l’occasion du SIA, les fondateurs sont invités à échanger sur le stand de La Ruche qui dit Oui et la Ville de Paris pour présenter leur projet.
Réunir les conditions de culture optimales des fraises
Tous deux fils d’agriculteurs et passionnés par cet univers, Guillaume et Gonzague ont imaginé un environnement artificiel qui reproduit les conditions idéales de culture des fraises. Avec quelques notions d’agronomie et de bricolage, ils aménagent un ancien container maritime pour le transformer en serre de culture. La fraise s’impose alors naturellement pour mener à bien cette première expérience. "C’est le fruit préféré des Français, et c’est aussi un fruit importé à 75%, dont plus de 70% d’Espagne", relève le jeune homme. Un produit emblématique d’un certain malaise qui touche le marché des fruits et légumes. "A l’heure où l’on parle sans cesse de technologies, on est incapable à Paris de fournir une offre de qualité, saine, avec du goût." Dans la ligne de mire de Guillaume Fourdinier, la logistique, au cœur de la baisse de qualité des fruits et légumes vendus en ville. "A force de vouloir des produits indestructibles pour survivre au transport, on a élaboré une offre simplifiée, uniforme, sans saveur, et bourrée de pesticides", poursuit-il encore.
Le secret pour retrouver des fruits et légumes de qualité : supprimer le transport en faisant pousser les plantes à Paris où l’espace n’est malheureusement guère disponible pour le projet. D’où l’idée d’un container, qui va permettre d’être 120 fois plus productif qu’une culture en terre en réunissant les conditions les plus favorables à la culture de fraises. Une température de 22°C le jour et 16°C la nuit, une hygrométrie stable avec 75% d’humidité, un air filtré pour empêcher la pollution des villes et l’intrusion de bactéries, un spectre de lumière adapté grâce à des LEDs basse consommation… Tout est pensé pour optimiser les conditions de culture, tout en étant écologique. "Le circuit d’eau est fermé et l’humidité reste à l’intérieur", précise encore Guillaume. Résultat : des économies d’eau de l’ordre de 90% par rapport à une culture classique. Pour compléter cette installation qui veut reproduire ce que la nature avait initialement prévu, des insectes pollinisateurs et auxiliaires sont introduits, comme les bourdons et les coccinelles. Le container "est un vrai poumon car il capte le CO2 de la ville et le consomme", résume-t-il. Pas de pollution des sols, pas d’épuisement des nappes phréatiques… Une véritable alternative aux modes de cultures classiques et fortement décriés aujourd’hui pour leurs conséquences sur l’environnement et la santé.
Devenir la référence des fruits et des légumes dans tous les circuits de distribution
Le container permet de récolter 7 tonnes de fraises sur un an et 60 barquettes de 250 grammes par jour, au prix consommateur de 3 euros la barquette. Au vu du bon sens des inventeurs et de la faisabilité du dispositif, on imagine très facilement le projet être étendu d’autres variétés de fruits et légumes. Dès cet été, des tests seront menés sur les tomates, les salades et les herbes aromatiques. Un ingénieur et deux agronomes ont été recrutés pour mener ces nouveaux tests et identifier les conditions optimales de culture. A terme, Agricool rêve de couvrir l'ensemble de variétés de fruits et légumes consommés en France, quelle que soit leur saisonnalité.
L’objectif d’Agricool est simple : devenir la référence des fruits et légumes de qualité à Paris, puis dans les grandes villes du monde. Pour cela, la start-up veut d’abord vendre sa production en direct, puis avec l’accroissement des volumes, s’adresser aux restaurateurs et aux distributeurs, qui seront directement livrés sur place sans passer par une centrale d'achat. "Il faut vendre le jour même de la récolte pour garantir le meilleur goût, et il faut que les distributeurs acceptent ce modèle pour que l’offre tienne ses promesses", explique le jeune entrepreneur. D’ici fin 2016, Agricool vise 10 containers… et une centaine à Paris dès 2017.