Free mobile fait une entorse à son modèle économique
L'opérateur va tester sur le site Vente-Privée un forfait à 39,99 euros avec engagement et subvention d'un téléphone. Tout ce qu'il dénonçait il y a deux ans de cela...
FRÉDÉRIC BIANCHI
\ 17h07
FRÉDÉRIC BIANCHI
Stupeur ce matin avec l’annonce d’un nouveau forfait de Free mobile. Le quatrième opérateur mobile qui avait déboulé sur le créneau avec des forfaits sans mobile et sans engagement à moins de 20 euros va proposer un forfait à 39,99 euros avec un mobile (subventionné) ou 34,90 euros pour les abonnés Freebox et un engagement de deux ans. Cinq modèles de smartphones sont ainsi proposés: iPhone 4 (pour 1 euro à la commande) et iPhone 5 16 Go (199 euros) d’Apple, Galaxy S4 (179 euros) et Galaxy Note 2 (69 euros) de Samsung et le Nexus 4 de Google (fabriqué par LG) pour 1 euro. Le tout avec un engagement de 24 mois. Voilà que deux ans après son arrivée et malgré un indéniable succès (déjà plus de 6 millions d’abonnés), Free mobile va faire proposer ce qu’il dénonçait il y a exactement deux ans de cela. Certes avec un généreux forfait illimité en voix et de 6 Go en data (contre 3 pour l’actuel forfait à 19,99 euros).
Mais attention, l’offre n’est pour le moment qu’un test puisqu’elle n’est proposée qu’en nombre limité sur le site Vente-Privée. Mais il ne fait guère de doute (et d’ailleurs le site spécialisé Univers Freebox en est persuadé) il s’agit là pour Free de tester le marché avec cette nouvelle offre. Et si le test est concluant de l’ajouter à ses deux offres sans engagement (l’illimité à 19,99 euros et le forfait 2h à 2 euros).
Pourquoi Free a soudain infléchi sa stratégie ? Pour gonfler un Arpu (Average revenue per user) qui se situe aux alentours de 13,50 euros chez Free ? Sans doute mais pas seulement. Cette nouvelle offre, si elle se généralise, devrait faciliter l’achat de mobile pour les clients de l’opérateur. En refusant le système des subventions, Free a du s’associer à un organisme de crédit (en l’occurrence Crédit Agricole Consumer Finance) pour permettre à ses clients d’acquérir des mobiles qui nus valent plus de 600 euros. Outre le fait que le crédit renchérit le prix du mobile de 10%, le client doit évidemment remplir un dossier de crédit. Opération plus fastidieuse que de s’engager chez un opérateur concurrent. En « fusionnant » ainsi dans un seul abonnement le forfait mobile et le paiement différé du mobile, Free facilite l’acquisition du mobile pour ses clients mais les contraint à s’engager sur deux ans (l’achat de mobile à crédit engage déjà aujourd’hui de fait le client).
Une initiative intéressante qui soulève cependant deux questions :
1. L’image de Free (opérateur sans engagement) ne va-t-elle pas pâtir de cette inflexion stratégique ?
2. En complexifiant une offre jusqu’à présent limpide (deux forfaits : un illimité et un à deux euros), l’opérateur considéré comme « iconoclaste » ne risque-t-il pas de se banaliser et de donner l’impression de rentrer dans le rang ? Le test sur Vente Privé permettra peut-être d’y répondre.