Grise mine et régime minceur
Le marché de la parapharmacie repasse en dessous de la barre des 500 millions d'euros cette année. Et ce n'est pas le segment du bien-être sexuel, encore en croissance, qui lui sauve la mise, cette fois.
Jean-Noël Caussil
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Jean-Noël Caussil
Le sexe fait vendre. C'était le titre, l'année dernière, de ce même article consacré au rayon parapharmacie. Si l'on voulait absolument faire preuve d'optimisme, on redirait la même chose aujourd'hui. Le segment de la toilette et du bien-être sexuel continue sa belle progression. Il est en hausse de 7,9% en valeur, à 77,5 M €, et de 5,9% en volume. Oui mais voilà, il est le seul à croître dans cette catégorie. Pour le reste, c'est plutôt la grise mine. Pour ne pas parler de cure de minceur. Surtout, d'ailleurs, si l'on évoque les produits de santé-forme et de régime, en pleine déconfiture avec, respectivement, - 8,5% et -6,1% en valeur.
Le grand succès du sans-gluten
Au-delà de la crise, un élément intéressant se dégage sur le marché de la diététique notamment : celui d'un renversement de
tendance. Avec 200 M € de chiffre d'affaires, il fait figure de mastodonte. Comme les autres, il souffre, et affiche des pertes de 10% en valeur. Du très classique jusque-là. Il convient de décortiquer un peu plus en détail pour s'apercevoir des bouleversements à l'oeuvre. Ce marché se décompose en trois segments principaux. Celui dit de la diététique quotidienne d'abord, le plus gros avec ses 81 M €, mais qui affiche un sévère - 7% en valeur. À l'intérieur, les biscuits de régime se taillent une grosse part du gâteau : la moitié, en l'occurrence. Victime de la concurrence des biscuits bio mais aussi des discours « PNNS » adoptés par tous les industriels, ils sont en chute libre.
499,9 M € Le chiffre d’affaires, -2%en valeur - 3,5%en volume
0,69% La part dans le CA total des PGC
8,8% Le poids en valeur des promotions
Source: IRI Données CAM à fin juin 2009 Évolution versus CAM à fin juin 2008
Ceux qui cartonnent, désormais, à + 5% en valeur, « ce sont les jus diététiques, tout ce qui apporte une promesse en anti-oxydants »,
explique Romain Huber, responsable de la catégorie management chez Distriborg, l'un des grands spécialistes du secteur.
Les produits santé-forme - 8,5%, à 104 M €
Les produits de régime - 6,1%, à 123,4 M €
Les adhésifs, bandages et premiers soins - 0,3%, à 77,5 M €
Une autre pépite se trouve avec les produits sans-gluten, dont le nombre d'acteurs, en GMS, ne cesse d'augmenter. Après Allergo et Gerblé, Schär, jusqu'à présent uniquement distribué en magasins spécialisés, a fait son entrée en hypers et supers au cours du deuxième trimestre 2009. Un grand succès, selon Romain Huber : « Avant l'été, nous étions déjà à plus de 600 000 € de chiffre d'affaires avec cette marque », se réjouit-il. Conclusion : les vieilles recettes, comme les biscuits, sont vouées à être remplacées par des produits plus fonctionnels et dont l'utilité est immédiatement visible.
Les compléments en recul
Pour la première fois, le segment des complément alimentaires, porté aux nues l'année dernière encore, recule : - 12%, à 73 M €. La
faute à la crise, bien sûr, impitoyable avec tout ce qui peut paraître accessoire. La faute aussi à un trop-plein d'acteurs, attirés par un Eldorado facile. L'année prochaine devrait donc voir ce marché subir un écrémage assez massif. En espérant que ce soit pour revenir plus fort.
- Les produits de toilette et d’hygiène sexuelle + 7,9%, à 77,5 M €
- Les produits et accessoires de parapharmacie + 1,5%, à 118,1 M €
Troisième et dernier segment, celui de la minceur proprement dite : 41 M €, - 10% en valeur. Ici aussi, on assiste à une modification des habitudes de consommation. C'est la fin des substituts de repas aux allures de barres à manger sans plaisir. L'heure est désormais à des régimes ludiques, avec des plats cuisinés gourmands. Le beurre et l'argent du beurre, en somme.