Guerre en Ukraine : quelles conséquences pour l’agriculture française?
Lors d’un point presse sur le Salon de l’agriculture, France Agrimer, l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer, a fait le point sur les principaux impacts à ce stade de la guerre en Ukraine sur l’agriculture française.
Lors d’une conférence de presse, lundi 28 février, France Agrimer, a fait le point sur les principaux impacts de la guerre en Ukraine pour l’agriculture française. "En France l’enjeu se situe surtout au niveau des prix de l’énergie (pétrole), du gaz naturel et des engrais, a déclaré Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. La nouvelle dynamique haussière pourrait avoir des impacts sur les coûts de séchage des graines, les couts de fabrication des engrais azotés et l’énergie des usines de transformation. L’autre souci est celui du coût et de la disponibilité de l’alimentation animale porc, volaille (tourteaux). Il n’y a pas de souci en France d’approvisionnement pour le blé et donc pas de problèmes pour la meunerie, la boulangerie ou l’amidonnerie ».
Les échanges entre la France et la Russie et l'Ukraine pourraient également souffrir de la situation. En 2021 les exportations agroalimentaires de la France vers la Russie ont représenté 780 M€ en 2021 dont 284 M€ de boissons et 116 M€ d’aliments pour animaux, les exportations de la France vers l’Ukraine ont représenté 180M€. Les entreprises françaises en Ukraine (Maisadour, RAGT, Limagrain, Soufflet, Vivescia…) qui fabriquent des semences (de maïs, tournesol..) et du malt pour les marchés russes ou européens seront sans nul doute affectées pendant la durée du conflit. La logistique terrestre et maritime est, en effet, inopérante en raison des bombardements et leurs usines sont actuellement fermées avec comme priorité de sécuriser les collaborateurs.
Réarmer nos filières agricoles
Pour Jean-François Loiseau, président de la commission thématique interfilières “International” de FranceAgriMer, "il faut réarmer nos filières agricoles et agroalimentaire en France et en Europe. Depuis 20 ans nous perdons des parts de marché à l’international. L’Ukraine et la Russie sont très présentes sur le plan agricole car elles ont les territoires et des rendements en orge, en blé et en tournesol qui ne cessent de progresser en jugulant les aléas naturels. La Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé et d’orge, avec aussi une position dominante sur l’huile de tournesol. Elles nous ont remplacé dans des pays du pourtour méditerranéen, comme l’Egypte ou l’Algérie. Aujourd'hui, certains pays comme l’Egypte ont des stocks confortables mais ce n’est pas le cas de tous ». Si des flux venaient à manquer en raison du conflit les importateurs devront se tourner vers l’Argentine et l’Australie qui ont eu de très bonnes récoltes de blé et pourront répondre à une partie des besoins des pays importateurs mais pas en totalité. La France dispose également de surplus de blés exportables entre 1 et 1,5 millions de tonnes. La France pourra fournir un peu de blé et d’orge mais ne sera pas en mesure de fournir du maïs à nos pays voisins qui ont peu de réserve comme l’Italie ou l’Espagne. "Le sujet de la souveraineté européenne se pose s’agissant des engrais et l’alimentation du bétail, ajoute Jean-François Loiseau. Il faut une politique européenne de réintroduction de stocks stratégiques, ce que nous avions il y a 15 ans mais que nous avons perdu car personne ne veut les financer. Dans des moments comme celui que nous vivons il faut remettre le sujet de l’intérêt stratégique au-dessus de la pile ».
La Russie et l’Ukraine pèsent 78% des exportations mondiales d’huile de tournesol, 30% du blé, 20% du maïs. L’Ukraine est le 4ème exportateurs mondial de maïs (18% de part de marché mondial), 5ème en blé (12% de pdm), 3ème en orge. L’Ukraine représente 50% des exportations mondiale d’huile de tournesol». Lundi matin à la bourse Euronext les prix du blé bondissait de +30€ la tonne comparé à vendredi dernier.