Guerre en Ukraine : quelles conséquences pour les entreprises de la beauté ?
La guerre en Ukraine et les risques de sanction de la Russie pourraient avoir des conséquences pour les entreprises de la beauté françaises. Toutefois, pour la Febea, ces conséquences devraient être limitées.
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Pour certaines entreprises françaises notamment dans l’agro-alimentaire et la distribution, la guerre en Ukraine entraînera des conséquences importantes. Du côté des parfums et des cosmétiques, l’impact devrait être plus limité. « La pandémie et les graves difficultés économiques auxquelles la Russie fait face depuis deux ans ont impacté le marché russe de la beauté qui a baissé de 20% depuis 2019. Cela se voit dans les exportations de produits de beauté vers ce pays : la Russie n’a plus l’importance qu’elle avait il y a dix ans. En 2021, sur les 16,2 milliards d’euros que la cosmétique française a exportés, 300 millions d’euros sont allés en Russie et 82 millions d’euros en Ukraine. En tout, cela représente donc à peine plus de 2% des exportations des entreprises de beauté françaises. Nous sommes donc peu exposés », explique Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea). Bien sûr, ces chiffres globaux cachent des différences selon les entreprises.
Risques liés aux sanctions
Pour les acteurs du luxe, en particulier la parfumerie, l’impact pourrait être plus important. Ainsi, lors de la présentation des résultats annuels d’Interparfums qui a eu lieu en ce 2 mars 2022, Philippe Benacin, pdg d’Interparfums, a rappelé que la Russie avait représenté 5% des ventes de l’entreprise en 2021 : « pour l’instant, nous avons suspendu nos livraisons vers la Russie. Avec le risque d’exclusion des banques russes de Swift, nous ne sommes pas certains que notre client ait la possibilité de nous payer. Nous attendons aussi de savoir quelles sanctions vont être prises contre la Russie par l’Europe et les États-Unis. Cela limite notre visibilité sur le long terme ».
Parmi les acteurs de la beauté bien implantés dans l’Est, citons L’Oréal et Yves Rocher. L’Oréal dit avoir été une des premières sociétés internationales à investir en Russie dès 1990. Aujourd’hui, le groupe emploie plus de 2000 personnes dans le pays. Sa filiale ukrainienne est plus récente (2004). Elle emploie 273 personnes d’après le site internet du groupe. Yves Rocher, pour sa part, compterait quelque 300 magasins en Russie. En Ukraine, d’après la version locale du site internet d’Yves Rocher, l’enseigne compterait 92 boutiques. Sur ce site, Yves Rocher explique à ses clients ukrainiens que ses « boutiques sont fermées, et le traitement des commandes pour le site et les canaux à distance est suspendu. Nous surveillons la situation dans le pays et répondrons conformément aux ordres des organismes officiels. Prenez soin de vous et de vos proches ! Tous les efforts de notre entreprise viseront à minimiser les risques pour la vie et la santé des employés et des clients. » Pour les acteurs de la filière cosmétique, le risque serait plutôt sur les coûts des matières premières qui sont déjà en forte hausse depuis la pandémie. « Côté approvisionnements, selon l’étude que nous venons de réaliser pour le comité de filière, 83% des achats d’ingrédients et de packagings sont faits en Europe, donc sur ce point aussi, les entreprises de la beauté sont peu exposées. En revanche, il pourrait y avoir des conséquences indirectes sur le coût de l’énergie, celui du transport… mais pour l’instant, il est trop tôt pour le dire » conclut Emmanuel Guichard.