Hors-série Epicerie - Mai 2015
Chasseur ou proie ?
L’heure est aux actions tactiques chez les géants de l’épicerie.
\ 10h00
Fusion, rachat, revente, recentrage… l’heure est aux actions tactiques chez les géants de l’épicerie. Depuis un an et l’annonce du rapprochement entre la branche café de l’américain Mondelez et le néerlandais Douwe Egberts Master Blenders – un nouvel ensemble de près de 5 milliards d’euros –, les opérations stratégiques se sont succédé à l’échelle de la planète épicerie (lire p. 8). Parmi les plus spectaculaires, l’acquisition surprise en novembre dernier de United Biscuits et de ses fameux BN par le groupe alimentaire turc Yildiz, jusqu’alors inconnu, propulsé depuis troisième biscuitier mondial, avec un chiffre d’affaires total de près de 8 milliards de dollars.
Et de citer aussi, tout récemment, la mégafusion aux États-Unis entre Kraft Foods group et Heinz Co, détenu par le fonds brésilien 3G Capital du milliardaire Jorge Paulo Lemann, associé à Warren Buffet. Qui a donné ainsi naissance au numéro cinq mondial de l’alimentation et des boissons avec un poids, tout de même, de plus de 25 milliards de dollars. De nouveaux mastodontes qui ne cachent pas leurs ambitions de grignoter toujours plus de part du gâteau sur leurs concurrents. Et qui poussent, de fait, ces mêmes concurrents à accélérer leurs décisions pour consolider et même conforter au plus vite leurs positions. Une course à la taille – et à la rentabilité bien sûr – plus que jamais nécessaire pour ceux – et ils sont nombreux – qui voudraient avancer leurs pions sur l’échiquier mondial. « Pour survivre et résister aux attaques de nos concurrents, nous devons atteindre le seuil critique des 2 milliards de dollars », confiait récemment à LSA Giuseppe Lavazza, vice-président du groupe du même nom. Septième torréfacteur, ce dernier reste toujours dans l’attente, d’ailleurs, à l’heure où nous mettons sous presse, de l’offre de Mondelez pour Carte noire. Rachat qui, rappelons-le, le hisserait à la deuxième place du marché français du café et bouleverserait les équilibres en place (lire p. 19). Après des années de quasi statu quo sur fond de crise, l’année 2015 devrait donc être marquée par la poursuite des grandes manoeuvres, y compris en France, où plusieurs dossiers seraient en circulation. Nombre d’acteurs affichant leur appétit de croissance, et ce bien au-delà de leurs frontières d’origine. C’est vrai pour Lavazza dans le café, mais aussi dans les pâtes pour Barilla. Le leader mondial du marché, qui s’est fixé pour objectif de doubler sa taille à l’horizon 2020, se dit désormais fin prêt à étudier toutes les (bonnes) opportunités d’acquisition qui se présenteraient à lui.
Car tous le savent, que ce soit via des rachats ou via des diversifications géographiques – l’Amérique et l’Asie étant des zones prioritaires –, l’avenir pour eux sera mondial ou ne sera pas ! Or, dans cette partie qui se joue et se jouera demain entre les groupes, ceux qui ne se positionneraient pas en tant que « chasseurs » risquent fort bien de devenir des «proies » potentielles.
FLORENCE BRAY
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