Hors-série LSA Boissons – Juin 2022
Le moins que l’on puisse dire, c’est que, dans le petit monde des boissons, les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour les responsables des approvisionnements. Et notamment quand ils s’occupent d’acheter des emballages. Rares sont par exemple les viticulteurs qui n’ont pas dû – et devront encore – faire face à au moins une grosse mauvaise surprise du côté des bouteilles, qu’il s’agisse de disponibilité défaillante et/ou de tarification nettement revue à la hausse.
Il y a d’abord eu la crise du Covid qui, avec la fermeture et les couvre-feux du circuit du CHR et une moindre activité à l’export, a complètement bouleversé l’ensemble des chaînes industrielles. À commencer par celle des verriers, qui ont naturellement adapté leur production à la demande. De nombreux témoignages prouvent que la situation n’est pas près de revenir à la normale, avec des trésoreries dégradées pour cause de surstockage de précaution et des marges souvent détériorées puisqu’il n’est pas toujours possible de reporter sur l’aval une hausse de prix subie en amont…
Et puis est arrivée la guerre en Ukraine. Un pays qui ne se contente pas d’être un grenier à blé et à tournesol, mais qui se positionne également, tout comme la Russie d’ailleurs, comme l’un des principaux fournisseurs de verre d’emballage du Vieux Continent.
C’est donc désormais un vrai risque de pénurie qui plane puisque plusieurs sites de productions ukrainiens, touchés par les bombes, ont réduit, voire stoppé, leur production. Un risque particulièrement avéré pour le verre consigné, utilisé de longue date pour les boissons commercialisées dans le CHR, ainsi que pour le verre blanc, prisé par les Provençaux pour montrer la couleur de leur rosé.
Le ciel est d’autant plus nuageux pour l’ensemble du secteur que les alternatives envisageables, les canettes en aluminium ou le PET, par exemple, sont fortement pénalisées par des modes de production énergivores, et donc par des hausses de prix tout aussi importantes que celles du verre.
Il est clair que, pour beaucoup, le temps n’est plus à la gestion ou à la navigation à vue entre les écueils mais à la mise en place de solutions plus radicales. Solutions dont certaines, comme le recyclage massif (pour les plastiques et les canettes) ou la consigne pour réemploi (pour le verre), sont d’ailleurs depuis longtemps envisagées, sinon à l’étude. Certes, pour être efficace, leur mise en place pourra difficilement se satisfaire d’initiatives isolées mais réclamera au contraire un large investissement concerté de l’ensemble des filières. Mais, qui sait ?, après la pandémie et la guerre, l’heure de la concertation est peutêtre venue…
SYLVIE.LEBOULENGER@LSA.FR
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