Hors-série LSA Epicerie – Avril 2023
Un parfum de revanche. L’épicerie et ses produits de « fond de placard », souvent remisée dans les zones froides des hypers et des supermarchés, retrouve une nouvelle jeunesse et un regain d’attrait par rapport à ses concurrents du frais qui lui ont longtemps damé le pion. Selon Circana, qui est une nouvelle fois le partenaire data de ce hors-série, c’est actuellement le plus dynamique des quatre grands marchés des PGC. Malgré des prix en forte hausse (+ 7,1 %), et une offre en forte baisse (- 3,7 %), l’épicerie résiste le mieux au mur inflationniste qui frappe l’alimentaire. Son chiffre d’affaires 2022 progresse de 5,9 %, à 36,3 milliards d’euros, et les volumes ne baissent que de 1,7 %, quand les grands rivaux du frais sont à - 2,4 % dans les rayons en libre-service, et plongent de 10 à 15 % sur certaines catégories du frais traditionnel comme la marée ou la boucherie, et que le DPH s’affiche - 3,7 %.
Pourtant, l’épicerie n’a pas été épargnée par les aléas. Ce rayon a directement subi les effets du conflit en Ukraine, avec une inflation élevée sur certaines catégories et des ruptures parfois très sévères. Le manque chronique de blé, d’huile ou de graines de moutarde, pour ne citer que les matières premières les plus médiatisées, a entraîné des hausses de prix spectaculaires du côté des huiles, moutardes, pâtes, chips et autres références de boulangerie industrielle. Mais cette inflation, contrairement à celle des produits frais traditionnels, n’a pas détourné les Français des produits du placard. Les ventes en volumes de pâtes, par exemple, ont résisté (+ 0,8 %) à une hausse des prix de près de 20 % ; celles de pain de mie (+ 3 %) à une inflation de 10 %. Même chose pour les chips, qui gagnent 4,2 % en volume avec une envolée des prix similaires. L’inflation n’a pas empêché non plus les bonnes performances des produits « tout prêts » de la biscuiterie et de la pâtisserie industrielle, bien plus dynamiques que les catégories du fait-maison.
L’épicerie a clairement bénéficié de l’accessibilité de certains de ses produits et « de transferts d’achats des Français, découragés par les fortes hausses de prix des produits frais traditionnels », comme le notent les experts de Circana. Les pâtes sèches, le riz et les légumes en conserve figurent dans le top 5 des articles dont les prix au kilo sont les plus attractifs (avec les pommes de terre et les légumes surgelés), respectivement aux première, troisième et cinquième places.
Qui plus est, les produits d’épicerie bénéficient d’un autre atout clé en pleine crise du pouvoir d’achat : leurs vertus antigaspi. Avec eux, pas ou peu de risques d’avoir à les jeter en cas de péremption. Ce qui n’est pas négligeable quand on sait que la lutte contre le gaspillage alimentaire est considérée par les consommateurs comme l’une des mesures phares pour défendre leur pouvoir d’achat, souvent juste après la recherche de prix bas. Mais, là aussi, l’épicerie a pris le sujet à bras-le-corps. En tout cas les distributeurs, qui ont vite compris que le rayon pouvait jouer un rôle de valeur refuge au cœur de la crise. Les ventes de premiers prix y ont bondi de 10,3 % en volume et de 31,3 % en valeur. Un record. Certains investisseurs avisés ne s’y trompent pas, comme le prouve l’enquête qui ouvre ce hors-série. Bonne lecture.
JPARIGI@LSA.FR
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