Hors-série LSA GREEN – Mai 2023
La crainte de la fin du mois a-t-elle fait oublier celle de la fin du monde ? En cette période d’inflation record – du jamais vu depuis plus de quarante ans –, les Français ont-ils autant à l’esprit les enjeux environnementaux, et surtout, sont-ils en mesure d’adopter des comportements plus vertueux et de s’y tenir ? Autrement dit, l’urgence économique a-t-elle supplanté l’urgence écologique ?
Dans le contexte actuel, décrypter les pensées des Français, qui ne sont eux-mêmes pas à un paradoxe près, n’a sans doute jamais été aussi difficile. D’un côté, certaines études témoignent de l’intérêt toujours vif des consommateurs pour tout ce qui concerne le made in France, le local, les produits écologiques, tandis que d’autres montrent clairement les limites de telles déclarations. Ainsi, le bio, même si la crise qu’il traverse depuis deux ans connaît des raisons multiples, est bien en partie « victime » de cette conjoncture (lire p. 51). De même, si les consommateurs sont clairement en attente de produits plus écoresponsables et durables, le modèle économique de la réparation reste encore largement à trouver et de nombreuses contraintes techniques doivent être levées (accessibilité des pièces, écoconception des produits, savoir-faire) pour en faire une pratique généralisée, comme en témoigne notre enquête « Peut-on tout réparer ? » (p. 10).
Bref, entre les intentions et la réalité, il y a une nouvelle fois un décalage… Cela étant dit, entre la crise du Covid, la guerre en Ukraine, le contexte inflationniste, les tensions sociales, les Français devraient sortir de ces années de crise durablement transformés. C’est la vision de nombreux experts. Il sera alors important d’observer, quand tout sera revenu à la normale ou presque, l’évolution des comportements d’achat. La baisse contrainte des dépenses constatée depuis quelques mois en alimentaire comme en non-alimentaire se transformera-telle en baisse volontaire ? Cette fameuse logique de sobriété dont tout le monde parle sera-t-elle adoptée par le plus grand nombre ou vite oubliée dès que tout ira mieux ? Ce qui est sûr, estime François Gabart, c’est « qu’on ne peut pas vivre dans un système de consommation infini » (lire son interview p. 6).
Or, si comme le souligne le navigateur, tout le monde a sa part de responsabilité et un rôle à jouer, la grande consommation, comme tous les acteurs économiques, est évidemment très attendue sur ce sujet. Pourtant, toutes les entreprises ne sont clairement pas au même niveau. Dans ce domaine aussi, il y a les bons… et les mauvais élèves. Surtout eux d’ailleurs, les Français ne s’y trompent pas. Selon l’enquête annuelle LSA/Univers Retail (p. 28), la majorité des sondés (55 %) estime en effet que les marques du secteur ne s’engagent pas suffisamment sur le plan environnemental. Avec des sujets aussi divers que variés, ce nouveau numéro de notre hors-série green se veut, à ce titre et en toute modestie, une source d’inspiration pour encourager les acteurs qui mènent déjà des actions à aller plus loin encore. Et pour tous les autres à s’y mettre enfin. Car il y a vraiment urgence !
FLORENCE BRAY
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