Inflation, dépenses contraintes et consommation responsable : une conjugaison complexe pour les enseignes et les consommateurs
Dans un contexte inflationniste qui impacte le poids des dépenses énergétiques et alimentaires dans le budget des Français, ces derniers doivent revoir leurs priorités budgétaires, mais n’abandonnent pas pour autant leurs attentes responsables. Comment les marques et enseignes s’y adaptent-elles ?
Il y a encore quelques années, la consommation responsable était un idéal luxueux, éloigné de la réalité du pouvoir d’achat des consommateurs. Ce n’est que récemment que les marques et enseignes ont intégré la durabilité à leur stratégie et investi des efforts significatifs pour élargir l’accessibilité aux produits locaux et/ou bio, mettre en place des actions anti-gaspi et des circuits de seconde main, accompagnant le changement de mentalité vers un mode de consommation plus respectueux de l’environnement. Si certaines de ces mesures répondent aux attentes budgétaires des foyers, d’autres se heurtent aujourd’hui à l’inflation, qui impose aux consommateurs de revoir leurs priorités.
En effet, selon une étude d’OpinionWay, 80% des Français pensent que leur pouvoir d’achat va se dégrader en 2023 par rapport à 2022, et 34% des Français ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois.
Des enseignes agiles et créatives
Les derniers événements ont largement impacté les modes de distribution et de consommation. Si la distribution s’était vue imposer une digitalisation à marche forcée par une pandémie inédite, l’inflation conséquence d’une crise géopolitique majeure a une nouvelle fois bouleversé un équilibre fragile. Répondre aux attentes changeantes des consommateurs tout en maintenant sa rentabilité et en intégrant les enjeux écologiques contemporains est une équation complexe.
Les distributeurs ne peuvent réussir cet exercice qu’en acceptant de remettre en question leur modèle économique pour mener une transformation de fond. Certains, comme Monoprix, le groupe Fnac-Darty ou encore Carrefour, l’ont bien compris. Ces géants de la distribution ont transité d’une offre de produits vers une offre servicielle. L’abonnement « Darty Max » permet par exemple de faire intervenir un technicien agréé pour réparer un appareil en panne, plutôt que d’en racheter un nouveau. Un moyen de fidéliser les clients tout en créant un flux de revenus fixes, indispensable pour compenser une éventuelle baisse des ventes. Mais également, pour le consommateur, de profiter de produits correspondant à leurs impératifs de durabilité et d’économiser en s’épargnant le prix d’un produit neuf.
Gagner en visibilité sur l’ensemble de la chaîne de valeur
Pour trouver le modèle de demain, les distributeurs doivent donc tester, expérimenter en grandeur réelle et mesurer. À cet égard, une vision granulaire de toute la chaîne de valeur est un prérequis indispensable. Pour cela, l’analyse des données n’est plus une option. Elle doit même devenir une priorité dans la division budgétaire des entreprises. L’inflation en est la preuve. Les attentes des consommateurs envers les circuits de distribution ont changé. Désormais éclairés vis-à-vis des enjeux d’une consommation durable, les consommateurs doivent néanmoins composer avec des impératifs de budget incompressibles. Grâce aux données, les distributeurs peuvent ainsi adapter leurs assortiments de produits et proposer des gammes de prix raisonnables sur une sélection d’articles.
Les enseignes doivent donc aller plus loin. Mais cela demande une connaissance fine de leur clientèle. Cette dernière semble d’ailleurs être prête à accompagner les entreprises dans leur quête d’adaptabilité. Selon une étude Kantar, 60% des Français seraient disposés à partager leurs données personnelles pour obtenir des promotions. Ainsi, des cartes de fidélité ou des systèmes d’abonnement peuvent être de bonnes solutions pour inciter à l’achat en vrac ou de produits bio.
Bref, les possibilités sont nombreuses pour trouver un équilibre entre durabilité et inflation. Cela demande notamment une stratégie analytique solide pour puiser des informations dans les données qui émanent de toutes parts et réagir rapidement aux facteurs impactant les comportements consommateurs ou la chaîne d’approvisionnement.
La supply chain, le nerf de la guerre
Certes, la réflexion sur les données clients est nécessaire et urgente. Mais la stratégie la plus simple et la plus rapide pour baisser les coûts, tout en améliorant la durabilité de l’entreprise, est de perfectionner l’efficacité des processus de fabrication et de la chaîne d’approvisionnement. Les capacités de forecasting, amenées par un usage intelligent de la donnée, permettent ainsi d’optimiser la gestion des stocks et de l’approvisionnement, et de lutter contre les surplus de marchandises comme les ruptures de stock.
Autre enjeu phare de la supply chain, le dernier kilomètre, crucial en matière de durabilité, peut être optimisé grâce à une analyse de bout en bout de la chaîne opérationnelle. Il peut, pour certains distributeurs, être plus rentable – et par effet de ricochet, plus durable – de réduire la fréquence d'approvisionnement, d'utiliser des camions de capacités différentes, d'augmenter ou de diminuer les politiques de stock... Aujourd’hui, certaines innovations comme les Digitals Twins (ou jumeaux numériques) sont largement adoptées par le secteur de l’Industrie et de la distribution pour simuler l’impact de décisions à tous niveaux de la supply chain et réduire l’empreinte carbone tout en maintenant une profitabilité optimale.
L’inflation nous contraint à repenser des modes de fonctionnement historiques, moins pertinents dans le contexte actuel. Cette période complexe est certainement l’opportunité de proposer davantage de services, orientés vers la durabilité. Vous trouverez peut-être de l’inspiration en lisant les points de vue d’enseignes européennes rassemblés dans le livre blanc « Le futur du retail », réalisé par SAS et Diamart Connect.
Contenu proposé par SAS INSTITUT