
Dans le sempiternel débat entre la GMS et les pharmacies concernant la vente de médicament, l’Autorité de la concurrence campe sur ses positions. Dans une première évaluation rendue public le 10 juillet dernier, avec bon nombres de préconisations sur l’ensemble de la chaîne de distribution du médicament, elle s’était prononcée en faveur de l’ouverture de la vente de médicament d’automédication en GMS. Aujourd’hui 19 décembre, après avoir reçu 105 contributions de la part des acteurs du secteur, le rapport définitif est rendu public. Mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille.
Le gouvernement toujours opposé
Arguant le refus d’une « refonte totale de la distribution du médicament en ville, qui pourrait être nuisible à la politique de santé publique », l’Autorité s’est positionnée en faveur d’une « adaptation progressive et limitée du secteur ».
Dans le monde de la croix verte, les choses avaient déjà bougé en juin 2013, avec l’ouverture de la distribution des produits pour lentilles et des tests de grossesse. Puis quelques jours plus tard, il y avait également eu l’ouverture du marché des médicaments à l’e-commerce. Mais sur celle des produits d’automédication, d’abord Marisol Touraine, avait annoncé son refus par le gouvernement. Puis enfin Benoît Hamon, interrogé ce matin sur France Inter, a de nouveau confirmé que l'exécutif se refusait à toute vente en dehors des officines.
Un plus pour le consommateur
Mais pour l’Autorité de la concurrence, saluée par l’UFC Que Choisir, puis par Michel-Edouard Leclerc, porte étendard de la distribution dans ce débat, cette ouverture apporterait beaucoup aux consommateurs.
Dans un marché de l’automédication « en forte progression », selon l’Autorité, du fait du non remboursement croissant de certains médicaments, « il est légitime que les patients soient demandeurs d’une offre diversifiée et plus transparente, de prix compétitifs et de nouveaux services » avance-t-elle.
Elle affirme que « le maintien du statu quo ne constitue pas une option efficace, ni pour le consommateur, ni pour les pharmaciens d’officine ». Pour elle, les arguments avancés par les autres acteurs ne sont pas « convaincants » et reste persuadée qu'avec l’ouverture, les grandes surfaces, « qui ont des capacités de négociations très fortes avec les fournisseurs, pourront offrir des avantages […] en termes de services ou de prix ». Selon l'Autorité, citant les autorités italiennes en 2008, le prix moyen TTC observé dans les supermarchés suite à la même décision serait de 25% moins cher comparé au prix fabricant HT maximum.
Oui, mais avec Des règles strictes
Mais comme c’est déjà le cas pour la parapharmacie, cette ouverture ne pourra se faire sans cadre. Et inutile de prévoir trouver un jour des médicaments pour le rhume ou du sirop pour la toux directement dans les rayons.
Cette ouverture ne pourra se faire que dans un espace créé spécifiquement – comme c’est déjà le cas pour les parapharmacies Leclerc – avec la présence d’un pharmacien diplômé et l’obligation de la délivrance de conseil.