L'Efsa s'explique sur les allégations santé
ANGÉLIQUE D'ERCEVILLE
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ANGÉLIQUE D'ERCEVILLE
Lorsque l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa, pour European Food Safety Authority) a rendu un avis négatif sur l'allégation demandée par Ferrero pour « Kinder, le chocolat qui aide à grandir », beaucoup ont applaudi. Sauf que, depuis, les refus se sont enchaînés, pour atteindre 78 % de demandes rejetées. Face au mécontentement grandissant des industriels, l'Efsa a organisé une réunion d'information le 1er juin. Objectif : expliquer son mode d'analyse des dossiers et son niveau d'exigence.
Presque 400 personnes ont répondu à cette invitation. Très institutionnel et policé, le discours de l'Efsa a laissé, toutefois, de la place aux questions. Lesquelles étaient d'abord courtoises, et plus appuyées l'après-midi. « L'Efsa a montré une volonté d'ouverture. Cela n'a pas empêché une forme de frustration dans la salle, car certains étaient venus poser des questions sur leur cas particulier, auxquelles l'agence n'a pas pu fournir de réponses immédiates », note Virginie Coste, directeur de la qualité et des affaires réglementaires chez Naturalpha. « Ceux qui attendaient des grands changements étaient irréalistes. Pour les autres, nous avons expliqué nos positions », confirme Albert Flynn, président du groupe scientifique NDA (Nutrition, produits diététiques et allergies) à l'Efsa.
Danone reste indécis
Très impliqué sur ces questions, Danone avait même dépêché Emmanuel Faber, son numéro trois. Il faut dire que le groupe français est en première ligne sur le sujet. Malgré de lourds investissements, Danone peine à faire valider ses demandes d'allégation pour Activia et Actimel. Fin avril, il avait même retiré ses dossiers pour éviter de se voir infliger un refus. Mais la réunion du 1er juin ne semble pas avoir suffi à réconcilier Danone et l'Efsa. « Il est trop tôt pour dire si nous allons resoumettre nos demandes », a déclaré un porte-parole du groupe, à la sortie de la réunion. « Nous avons conscience que Danone est emblématique sur ces questions, mais, pour nous, c'est un demandeur que nous traitons comme les autres. Nous allons continuer à échanger avec eux », déclare le professeur Albert Flynn. Outre Danone, de nombreux groupes étaient représentés, comme Heinz, Yakult, Ferrero, Cadbury, PepsiCo, Coca-Cola, Lesieur, Kraft Foods, Nestlé, Roquette, Procter et Gamble, Red Bull ou L'Oréal. « C'était important pour moi d'être à cette journée pour préparer au mieux nos dossiers, note Christine Guittard, responsable des affaires scientifiques et réglementaires chez PepsiCo. Pour les entreprises, un mauvais dossier est trop risqué et trop coûteux, sachant que chaque demande, hors études, coûte entre 20 000 et 100 000 €. »
Ce qui est certain, c'est que l'autorité européenne est consciente des difficultés des industriels. « Cette réunion a été positive, l'Efsa se montre ouverte à la discussion. Elle multiplie les recours aux procédures de " clock stop " qui permettent aux industriels de défendre leurs dossiers en cours d'examen », admet Marion Meslin, responsable de mission dans la business unit alimentaire du cabinet de conseil Alcimed.
En plus de ces premiers efforts, le régulateur s'est déclaré favorable à plus d'échanges. Et sur le sujet très spécifique des allégations liées à la santé digestive et à l'immunité - entre autres la question des probiotiques -, un atelier doit être organisé d'ici à la fin de l'année.
-La journée d'information sur les allégations santé organisée à Parme le 1er juin par l'Efsa a réuni près de 400 personnes, venues de toute l'Europe. -De nombreux acteurs étaient représentés : industriels de l'agroalimentaire, spécialistes de l'ingrédient ou des cosmétiques, représentants de la Commission européenne, des États membres. -Les Français étaient venus en nombre, représentant plus de 10 % de l'assistance, preuve de l'intérêt des acteurs hexagonaux pour cette réglementation sur la nutrition. Même le numéro trois de Danone, Emmanuel Faber, était là en personne.
Des attentes massives
- L'Efsa a expliqué dans le détail son fonctionnement et le circuit des dossiers de demandes d'allégation, précisant les preuves attendues et les lacunes régulièrement observées. Prochainement, de nouveaux documents explicatifs devraient être mis à disposition des demandeurs. - Le recours aux procédures de « clock stop » devrait être plus fréquent. Il s'agit de suspendre l'analyse d'un dossier pour permettre au demandeur d'apporter des informations complémentaires appuyant son dossier. - Un atelier sera organisé avant fin 2010 sur le thème spécifique des questions liées à la santé digestive et l'immunité.
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