L'emballage innove tous azimuts
Le poids, l'écoconception, les fonctionnalités... Même en période de crise, ce ne sont pas les axes d'innovation qui manquent pour les emballages. Et les industriels ne s'en privent pas.
YANNICK LEGOFF
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YANNICK LEGOFF
Crise ou pas, le secteur de l'emballage a toujours été généreux en innovations. Nouveautés fonctionnelles permettant à tel ou tel matériau de s'ouvrir les portes d'un marché, mais aussi très souvent motivées par la volonté d'économiser sur les coûts de matières et de logistique. Ainsi, au coeur des thèmes les plus porteurs de ces dernières années, la réduction du poids est toujours d'actualité. Parmi les derniers exemples en date, la bouteille de Desperados 33 cl de Heineken a vu son poids réduit de 315 g à 250 g en 2013, soit une économie de 5 000 tonnes de verre en année pleine, et, bien sûr, une facture de transport réduite. Une avancée qui a fait suite aux efforts précédents portés sur les bouteilles de Heineken de 25 cl et 30 cl, avec un gain de poids de l'ordre de 10%, et des économies de 7 000 tonnes de verre et de 5 000 tonnes d'émissions de CO2 par an.
Mais le verre, dont on comprend aisément que les fabricants cherchent à atténuer ce qui reste l'un de ses handicaps majeurs comparé aux autres matériaux, est pourtant loin d'être le seul type de contenant concerné.
Le 24 octobre, Elipso, groupement des entreprises de l'emballage plastique et souple, a rappelé que ces dernières avaient été, entre 2007 et 2012, les premières contributrices, à hauteur de 44%, dans l'atteinte de l'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement, à savoir la réduction de 100 000 tonnes du poids des emballages mis sur le marché pendant cette période. Et de rappeler, à titre d'exemple, qu'en vingt ans, le poids des bouchons d'eau minérale a été divisé par près de trois : de 3,1 g à 1,2 g...
Le problème du recyclage
Autre preuve de la vitalité de l'approche, en 2012, selon l'Observatoire environnemental du groupement, 80% de ses adhérents ont poursuivi leurs travaux de réduction des poids et des volumes, alors que « seulement » 41% d'entre eux se sont appuyés sur des analyses du cycle de vie pour orienter l'écoconception des emballages. Même si Elipso considère que ce 41% témoigne d'une très nette montée en puissance d'une écoconception globale, non limitée à la seule empreinte carbone et intégrant donc, par exemple, le critère de la recyclabilité, la différence entre les deux pourcentages illustre à sa façon le gros handicap dont souffrent les plastiques, à savoir la gestion des déchets d'emballages et le recyclage.
« Chaque année, la France produit environ 1 million de tonnes d'emballages plastique ménagers. Mais seulement 400 000 tonnes (les bouteilles et flacons) sont concernées par les filières de collecte actuelle. Impossible dans ces conditions d'afficher des taux de recyclage comparables à ceux que connaissent le verre ou le papier, qui bénéficient par ailleurs d'habitudes aujourd'hui bien installées dans l'esprit des consommateurs », explique Françoise Gérardi, déléguée générale d'Elipso. En clair : le jour où les pots de yaourts et autres barquettes seront collectés et triés au même titre que les bouteilles de PET, alors les plastiques cesseront peut-être d'être considérés comme les mauvais élèves du recyclage... « Nous poussons de toutes nos forces dans ce sens », affirme la déléguée générale en soulignant qu'au-delà des tests déjà effectués ou en cours, l'évolution de la directive européenne sur l'emballage, attendue pour 2015, pourrait accélérer une évolution dans ce sens.
Progrès fonctionnels
Reste que la recherche de l'allégement et d'une écoconception globale ne doit pas faire oublier les innovations fonctionnelles, même si elles sont parfois invisibles. Exemple encore avec certains plastiques dont la composition offre une meilleure protection à l'aliment et permet donc de réduire l'usage des conservateurs et/ou d'accroître la période de consommation. Moins de conservateurs aussi dans les cosmétiques avec les systèmes « airless » aujourd'hui adaptés aux tubes. Des innovations qui évitent à la préparation d'être au contact de l'air, et donc la protègent contre les pollutions et oxydations.
Au rayon café, c'est le plastique compostable Ecovio de BASF qui vient de trouver sa première application pour une capsule signée SCC (Swiss Coffee Company). Du côté du papier aussi, on acquiert de nouvelles fonctionnalités. Deux exemples chez Smurfit Kappa, qui revendique le leadership européen de l'emballage à base de papier. Le premier est un carton ondulé qui permet de passer des croque-monsieur au four à micro-ondes. Une innovation développée pour la restauration, mais que l'on retrouvera peut-être un jour en GMS. Le second est un emballage pour omelette norvégienne développé pour Thiriet, le spécialiste des surgelés, en remplacement d'une barquette en aluminium et de polystyrène. Le carton employé supporte l'étape du dorage... « Le carton, lui aussi, sait tout faire », affirme Émelyne Lestang, responsable marketing et communication pour l'industriel...
L'EMBALLAGE CONTRE LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE
Aucun professionnel de l'emballage ne figurait en juin parmi les premiers signataires du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, présenté par le ministère de l'Agriculture. Une étude du Centre national de l'emballage, réalisée en 2011, mettait pourtant en avant le rôle clé de l'emballage pour lutter contre ce fléau. C'est aussi la conviction d'Alcimed, société de conseil et d'aide à la décision, spécialiste des problématiques agroalimentaires, qui considère que « les solutions apportées par les emballages innovants permettraient de diminuer en partie l'effort de productivité à fournir pour parvenir à nourrir la planète dans les dizaines d'années à venir ». De fait, les industriels de l'emballage proposent déjà de nombreuses solutions, dont certaines depuis plusieurs années, comme les opercules refermables. (Ci-contre, celui de Wipak pour barquettes PET développé pour Harzinger.)
Le pet pasteurisable !
L’innovation a été présentée en août par Appe, un spécialiste du PET et du packaging. Le pot peut se remplir à chaud et est pasteurisable jusqu’à 95 °C. Une alternative au verre, légère et recyclable…
Panini micro-ondable
La face intérieure de l’étui Panini en carton ondulé, conçu par Smurfit Kappa pour son client Le Croquet, est revêtue de Susceptor, un matériau qui permet de faire croustiller le panini grâce à un simple passage au four à micro-ondes.Du carton pour l’omelette norvégienne…
Adopté par Thiriet pour l’une de ses références d’omelette norvégienne, ce packaging tout en carton améliore la productivité lors du conditionnement, garantit la protection thermique et mécanique du produit, et accompagne sa mise en oeuvre chez le consommateur. Le plateau aluminium est remplacé par une barquette en carton ondulé, dotée d’un papier intérieur apte au passage au four. Quant au classique polystyrène expansé (PS€), volumineux, sensible à l’humidité, générateur de « billes » et peu respectueux de l’environnement, il laisse sa place à un étui en cannelure à montage manuel…Desperados au régime
L’innovation a été saluée par Éco-Emballages. La nouvelle bouteille de desperados (Heineken) s’est amincie de 65 g. Elle est pourtant un peu moins grande et un peu moins élancée que la précédente. Mais les économies en verre et en émissions de CO2 sont très nettes.