L’Ilec dénonce à nouveau les pratiques illégales de la distribution
L'instance représentative des marques sort à nouveau du bois pour dénoncer la pression des enseignes lors des négociations commerciales, et les pratiques illicites. Lesquelles auraient de lourdes conséquences financières et pour l’emploi des entreprises qui les commercialisent.
L’Ilec - Institut de liaison et d’études des industries de consommation - autrement dit l'instance représentative des grandes marques et des entreprises multinationales ou PME qui les commercialisent, monte au créneau sur les négociations commerciales, via une conférence de presse. Il n’en avait pas tenu depuis plusieurs années, préférant la prise de parole publique ou les communiqués. On ne l’avait d’ailleurs guère entendu pendant la période cruciale de janvier et février, les lobbys agricoles accaparant le devant de la scène.
Mais voilà, d’après une enquête réalisée auprès de ses 75 adhérents, qui pèsent 33 milliards d’euros et représentent à peu près la moitié du chiffre d’affaires réalisé sous marques en GMS, les négociations commerciales auraient été “sanglantes”, et ce, pour la troisième année consécutive, et se dégraderaient toujours. “Jusqu’alors, les négociations étaient très dures, mais les accords étaient signés le 29 février, comme le prévoit la loi, explique Richard Panquiault, directeur général de l’Ilec. Mais pour 20 % des entreprises, ces accords n’ont été signés qu’au bout de la deuxième ou troisième semaine de mars”. Ce qui est illégal.
“Rupture informatique” ou “arbitrage catégoriel”
Les pratiques de déréférencement - qui prendraient de nouveaux noms, comme “rupture informatique” ou “arbitrage catégoriel” auraient été légion, mais surtout, ce sont les demandes de baisse de tarifs sans aucune contrepartie qui dégraderait les marges des entreprises et menacerait l’emploi. “40 % des adhérents prévoient des réductions d’effectifs. Si c’est en lien avec les pratiques illicites, c’est simplement dramatique”, soutient Richard Panquiault. Les demandes de baisses de prix sont supérieures à 4 % pour 45 % des références leader, et seulement 13 % auraient réussi à passer des hausses, “loin de couvrir celle des matières premières”.
Du coup, l’Ilec vient d’écrire à Emmanuel Macron pour lui faire part de la situation. Le ministre de l’Economie semble pourtant ailleurs, loin des négociations commerciales. Il est pourtant “vital” pour les fournisseurs que la DGCCRF reste mobilisée pour lutter contre les pratiques considérées comme illégales. L’Ilec soutient aussi la proposition de loi Accoyer sur l’abus de dépendance économique, qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale, contre l’avis évidemment des distributeurs, de la Feef qui la considère nuisible pour les PME, et contre… l’avis du gouvernement !
Lutter contre l’abus de dépendance économique...
“L’abus de dépendance économique est un combat juste, les parlementaires ont raison de se pencher sur cette question. Il est prévu par la loi depuis 30 ans, mais n’a jamais été appliqué, constate Richard Panquiault. L’intervention de l’Autorité de la concurrence, qui serait un deuxième gardien du temple, serait la bienvenue. Les entreprises voient leurs tarifs dégradés depuis quatre ans. Ce n’est pas leur volonté, il s’agit bien d’une question de dépendance économique”. Et, selon lui, la baisse des coûts de fabrication ou de transport liées à celle du pétrole est loin de représenter l’équivalent de ce qu’exige la distribution pour écouler les produits en rayon.
Richard Panquiault, directeur général de l'Ilec, ce matin 3 mai 2016, juste avant la conférence de presse sur le bilan des négociations commerciales, qui viennent de donner lieu à un courrier au ministre de l'Economie, Emmanuel Macron