L’industrie alimentaire affiche 160,9 milliards de chiffre d'affaires en 2012, en hausse de 2,3%
Le président de l’Association nationale des industries alimentaires a présenté ce matin le bilan mitigé des industries alimentaires, dont le chiffre d’affaires reste en hausse, mais dont les volumes baissent, les marges plongent et les emplois se réduisent.
Sylvain AUBRIL
\ 16h29
Sylvain AUBRIL
Rude année pour l’industrie alimentaire, sur le plan médiatique d’abord avec l’affaire des lasagnes à la viande de cheval, l’arrivée de diverses taxes comme celle sur la bière, la baisse de la consommation en France et les "négociations commerciales les plus difficiles de l’histoire". Avec 160,9 milliards de chiffre d’affaires, la croissance s’inscrit toutefois à 2,3%, mais la production industrielle a baissé de 1%, près de 3.900 emplois ont été perdus, notamment avec l’affaire Doux, 5.000 emplois vont être supprimés chez Candia, Danone Produits Frais et dans de multiples petites entreprises,et le taux de défaillance a touché près de 300 sociétés.
Prix trop bas...
"Certes, nous nous maintenons mieux que d’autres industries manufacturières, mais le taux de marge brute des industries alimentaires a chuté de 14 % en deux ans", observe Jean-René Buisson, président de l’Ania. En cause, "un problème global de prix de l’alimentation dans toute la filière. Quand une barquette de lasagnes est vendue à 1,12 euro, la question se pose de la vraie valeur des produits et des conséquences qui peuvent en découler". L’effritement des marges brutes est encore plus visible sur une longue période: le taux est passé de 50% à 22% entre 1990 et 2012…
Baisse de la consommation en cours
L’avenir ne semble pas plus rose. "La baisse de 0,8% de la consommation au dernier trimestre est un véritable signal d’alarme pour les industries alimentaires. L’urgence est de mettre fin à la spirale déflationniste. Il faut arrêter de laisser croire, comme le fait Leclerc, qu’il y a un problème de pouvoir d’achat. Et les distributeurs n’aiment guère qu’on leur présente le graphique qui prouve que lorsque les prix baissent à la production, les enseignes ne répercutent pas ces baisses et se font beaucoup d’argent". Jean-René Buisson n’a pas manqué un petit couplet sur la nécessité de réviser la LME dans la loi sur la consommation qui présentera bientôt le ministre de la consommation, Benoît Hamon.
400 millions du CICE
Dubitatif sur les mesures gouvernementales – même si le CICE devrait rapporter 400 millions d’euros "contre 1 milliard pour les distributeurs", il a toutefois salué l’action de Guillaume Garot, ministre de l’agroalimentaire, "qui arrive à sensibiliser un peu le gouvernement sur nos problèmes". Il constaterait d’ailleurs que l’approche des pouvoirs publics serait "nettement plus objective" sur la distribution que ne l’était le précédent gouvernement. Avec ses "clients" de la distribution, l’industrie alimentaire réalise toutefois 80 milliards de chiffre d’affaires, soit la moitié d’un total qui inclut aussi les vins et spiritueux à l’exportation.