L’opticien en ligne polette veut devenir le "Zara de la lunette"
Fondé en 2011 par deux entrepreneurs français, L'usine à lunettes by polette a ouvert le 17 août 2016 sa première boutique en France, à Lille. Le site spécialisé dans la vente en ligne de montures à bas prix compte bien révolutionner tant le marché… que les usages des consommateurs.
Utrecht, Amsterdam, Jakarta… et depuis le 17 août 2016, Lille. L'usine à lunettes by polette est désormais présente en France avec ce premier point de vente sur le territoire. Ce nouveau showroom repose sur le même principe que les autres boutiques : c’est le seul intermédiaire entre l’usine et le client. Pas de stock, les montures et les verres proviennent directement des ateliers de production, à la commande, en Chine, puis expédiées au client. "C’est ce business model qui permet de proposer des références à bas coût", explique Pierre Wizman, cofondateur et CEO. Cet autodidacte, qui a quitté l’école à 16 ans, s’est lancé il y a 5 ans dans l’optique en ligne après plusieurs projets entrepreneuriaux. "Il y a eu des hauts et des bas, mes échecs m’ont beaucoup appris", poursuit-il.
Avec Pauline Cousseau, il lance en 2011 le site L'usine à lunettes by polette avec un objectif : démocratiser le marché de l’optique en proposant des lunettes à très bas et en simplifiant au maximum le parcours-client. Sur le site, le client choisit sa monture, scanne son ordonnance ou remplit lui-même les caractéristiques des verres dont il a besoin. Le prix des montures, à partir de 6,99 euros, défie toute concurrence. "Nous nous sommes lancés sur la lunette pas chère, une vraie niche, avec le désir qu’elle devienne un vrai produit mass-market", explique Pierre Wizman.
Le made in France, un "leurre" sur le marché de l'optique
Ce prix, l’enseigne le garantit en supprimant tout intermédiaire traditionnel. Les montures sont produites à la commande, en Chine, et les verres sont fabriqués dans les usines de Dayang. "Nous fabriquons des accessoires designés, de qualité égale voire supérieure aux produits de nos concurrents mais qui ne souffrent pas des marges habituellement versés aux intermédiaires", avance-t-il. C’est à Amsterdam, où la société est basée, que sont dessinées les montures. Les critiques du "made in China", Pierre Wizman les balaie d'un revers de main. "Tous les verres sont fabriqués en Chine, le made in France est un leurre", dénonce-t-il.
Mais pour réussir, c’est sur un changement radical des usages des consommateurs que l’équipe table. Car en France, c’est un modèle complètement disruptif que propose polette. "Avant, les Français avaient une unique paire de lunettes qu’ils gardaient pendant plusieurs années. Aujourd’hui, ils peuvent en avoir plusieurs dizaines de paires et les porter comme un accessoire de mode ou un vêtement selon leurs envies". Le site propose plusieurs gamme, dont une en acétate qui incarne une offre plus qualitative. Le succès est rapidement au rendez-vous, malgré quelques ratés, notamment sur la livraison. Aujourd’hui, 4 000 commandes sont passées dans le monde entier chaque jour. L’entreprise livre en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
Une stratégie centrée sur le phygital
Pierre Wizman ne souhaitait pas limiter son activité à la vente en ligne. "L’avenir des entreprises l’e-commerce et la plateforme physique, elles doivent désormais jouer sur les deux facettes quelle que soit le secteur". C’est cette réflexion qui a amené la marque à ouvrir des boutiques en propre, d’abord à Amsterdam, aux Pays-Bas, puis à Jakarta (Indonésie) en 2015. Conçue sur le même modèle, la boutique lilloise située au 11 Rue du Sec Arembault est entièrement connectée. En magasin, pas de stock donc, mais entre 900 et 1 200 références sur un espace de (seulement) 100 m². Les clients essaient et choisissent les montures via un QR code correspondant avec leur smartphone ou depuis les tablettes mises à leur disposition, puis téléchargent leur ordonnance. Ils passent ensuite leur commande pour être livrés en boutique ou à domicile. En magasin, l’équipe propose même un test gratuit de la vue, et une prescription immédiate par des opticiens diplômés en mesure de fournir une ordonnance en quelques secondes, , histoire de gagner du temps. "Aujourd'hui, on ne peut aujourd’hui se passer de points de rencontre avec le consommateur,", assène Pierre Wizman. D'où cette stratégie digitale, et non seulement e-commerce.
Showroom connecté : 11 rue du Sec Arembault 59000 #Lille #innovation #optique pic.twitter.com/c1gjihnvQD
— L'usine à Lunettes (@lusinealunettes) 25 août 2016
Côté digital toujours, une application dédiée verra le jour en 2017. Elle permettra, comme le site mobile, de scanner les références en boutiques. Pour améliorer encore son offre, le showroom proposera bientôt la livraison des lunettes en 48 heures. Un vrai défi pour cette entreprise de 200 personnes, qui se revendique leader sur le marché de l’optique en ligne avec 45 millions de chiffre d’affaires en 2015 (+50%). "C’est une révolution dans le secteur, car la livraison des lunettes prend la plupart du temps, plusieurs jours, voire plus d’une semaine", rappelle-t-il.
D’ici 5 ans, l’enseigne vise 100 magasins en Europe. En France, Paris devrait très prochainement accueillir le concept. L’enseigne cherche des petites surfaces en centre-ville. Avec pour chaque point de vente, un millier d’échantillons, le concept élude toutes les problématiques liées au stockage des produits. Celui qui l’a imaginé en est persuadé, le succès de polette sera total. Et il rêve d’un succès à la Zara, H&M ou encore Ikea, "des enseignes qui ne sont pas des revendeurs, mais qui ont créé leur propre marque et leur propre modèle, nous en proposant une offre pertinente". Polette sera-t-il le "Zara de la lunette". A suivre.
45 millions de chiffre d'affaires en 2015
4 points de vente
900 à 1 200 références proposées
4 000 commandes/jour
Un panier moyen de 38 euros en France