La bio change de dimension
Le marché de la bio continue son ascension, avec des ventes en croissance de 20% sur l’année 2016. Mais face à une demande de plus en plus importante, le secteur doit s’organiser pour éviter les pénuries. Car, aujourd’hui, la bio joue dans la cour des grands.
Peut-on toujours qualifier la bio de marché de niche ? Si certains parlaient l’an passé d’un prochain essoufflement du secteur, avec des résultats qui allaient commencer à se tasser, on peut dire qu’ils ont tout faux. Après une croissance du chiffre d’affaires de 10% en 2015, le marché de la bio dépasse les 7 milliards d’euros de ventes sur 2016, en progression de 20%, selon le baromètre Agence bio/CSA. Un exploit exceptionnel sur le marché des PGC…
« Les performances du marché proviennent surtout des magasins spécialisés, qui ont enregistré des ventes de plus de 25 %. Mais, de manière générale, l’ensemble des circuits est en croissance », explique Florent Guhl, directeur de l’Agence bio. Et ce sont donc tous les maillons de la filière qui progressent. Le nombre d’opérateurs a crû de 11,5% en 2016, dont + 10% pour les transformateurs et + 12% pour les exploitations. Ainsi, les surfaces agricoles allouées au bio dépassent 1,5 million d’hectares. « Si les terres restent dans les grands bassins agricoles, les opérateurs qui se lancent dans la bio maillent de plus en plus le territoire français », ajoute Florent Guhl.
Les consommateurs de produits bio préfèrent
- Les fruits et légumes à 78%
- Les produits laitiers à 71%
- Les œufs à 65%
- L’épicerie à 51%
- La viande à 49%
67% des Français ont acheté des produits bio non alimentaires en 2016
Et si ce marché croît, c’est en raison de l’engouement toujours plus fort des consommateurs pour ces produits. En effet, selon le même baromètre, neuf Français sur dix (89%) ont acheté de la bio en 2016 et 69% régulièrement (+ 5 points versus 2015). Ils sont 15% à en consommer au quotidien, contre 10% en 2015. Rappelons qu’en 2003, lors de la première enquête, 46% des Français n’étaient pas clients de bio. Que de chemin parcouru ! Et les choses ne sont pas près de s’arrêter, car 82% des sondés estiment que son développement est important et 83% lui font confiance. Par ailleurs, outre l’effet de mode, les Français connaissent les fondamentaux de l’agriculture bio : 89% savent qu’il y a un cahier des charges précis à respecter et 82% qu’elle est soumise à des contrôles annuels. Ils sont également au courant des grands principes : non-utilisation des OGM, pas de colorants ni d’arômes artificiels et respect du bien-être animal.
Les enjeux
- Devenir autosuffisant afin d’avoir moins recours à l’importation de produits bio.
- Structurer les filières pour éviter les risques de pénuries face à la demande qui augmente fortement.
- Développer l’export, qui ne concerne aujourd’hui quasiment que le vin.
L’éternel problème de l’offre et de la demande
Ainsi, la demande ne cesse d’augmenter et les Français veulent du bio partout. Ils sont 73% à en souhaiter davantage en grande distribution (qui représente 44% des ventes du bio), 48% sur les marchés et 44% chez les artisans. Et plus de 50% des sondés désireraient avoir une offre bio dans les distributeurs automatiques. Mais le marché se frotte à un souci de taille et devient victime de son succès. À l’heure où on assiste à un nombre croissant d’ouvertures de points de vente, tant chez les généralistes (Carrefour Bio, Cœur de Nature) que chez les spécialistes (20 inaugurations prévues pour NaturéO par exemple en 2017), et à une demande de plus en plus forte des consommateurs, des problèmes d’approvisionnement se posent. Car il est évident que l’offre ne suit pas. « Aujourd’hui, 76% de la consommation de produits bio provient de l’Hexagone. La viande, le lait, les œufs sont 100% français mais nous importons 24% des denrées, dont les produits exotiques bien sûr. Il est important de travailler pour développer les filières si nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation de pénurie », détaille Florent Guhl. L’exemple du porc bio est l’illustration parfaite de ce manque. Les conversions sont faibles sur ce secteur car elles nécessitent de gros investissements et le respect de beaucoup de contraintes pour coller au cahier des charges strict. Aussi, l’Agence appelle à un engagement plus fort du secteur bancaire pour aider ces agriculteurs.
89%
des Français ont consommé des produits bio en 2016 et 69% en consomment régulièrement
35%
des consommateurs ont augmenté leur budget d’achat pour les produits bio en 2016 (+ 8 points versus 2015)
73%
veulent davantage de produits bio en GMS, 48% sur les marchés et 44% chez les artisans
47 185
le nombre d’opérateurs bio (+ 11,5%) dont :
- 32 326 exploitations (+ 12%)
- 14 859 transformateurs (+ 10%)
L’international pour relais de croissance
Face à cela, les distributeurs se rapprochent d’organisations de producteurs pour sécuriser leurs approvisionnements bio. Carrefour, le leader généraliste de produits bio en France, vient d’ailleurs d’annoncer un programme d’accélération de l’agriculture biologique. Le distributeur s’engage, en collaboration avec ses producteurs, sur un plan de contractualisation de trois à cinq ans portant sur les volumes et les prix auprès de 300 fermes d’ici à 2020. Si la France doit s’organiser pour être la plus autosuffisante possible sur les produits bruts, l’industrie de la transformation doit voir en l’international un véritable relais de croissance. « La France est reconnue au-delà de ses frontières. Lors du Salon international du bio, qui s’est tenu à Nuremberg, en Allemagne, courant février, les entreprises tricolores étaient très représentées. Plus le marché hexagonal va se développer, plus nous allons être dynamiques à l’export », explique Didier Perréol, président de l’Agence bio. Et pour favoriser le développement du bio français à l’international, Fine, une vache « bio » élevée en Loire-Atlantique, est à l’honneur du 54e Salon de l’agriculture.
« Les Français sont de plus en plus nombreux à consommer des produits bio et de plus en plus fréquemment. Quant au dynamisme des ventes, il provient surtout des magasins de proximité. »
Florent Guhl, directeur de l’Agence bio