La canne à sucre, le plastique 100 % végétal

Des sacs poubelle, des bouchons et des bouteilles de shampooings fabriqués à base de canne à sucre 100 % végétale : une révolution dans l'emballage. Si l'impact reste encore relativement faible, les industriels devraient être plus nombreux à s'y intéresser à l'avenir.

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La canne à sucre, le plastique 100 % végétal

Une nouvelle génération de bioplastique est née ! Après la fécule de pomme de terre et le maïs qui permettaient aux emballages en fin de vie d'être compostables et biodégradables, c'est au tour de la canne à sucre d'apporter sa pierre à l'édifice. Grâce à elle, les produits sont 100 % d'origine végétale, et les matières premières recyclables comme leurs homologues traditionnels. De nombreuses entreprises de la grande consommation ont déjà marqué leur intérêt pour ce matériau. C'est le cas du groupe Sphère sur ses produits d'emballages ménagers Alfapac, de Procter et Gamble avec les shampooings Panten, de Tetra Pak pour ses bouchons ou encore de Volvic et ses bouteilles plastiques, d'Ecover...

2 millions de tonnes de plastique pour l'emballage

Cette alternative aux énergies fossiles a été développée par une firme brésilienne Braskem, qui fabrique ce polyéthylène végétal, et par un groupe indien Indian Glycols, qui produit le BioPet pour les bouteilles de Volvic. Le procédé est simple : il suffit d'extraire le jus de la canne à sucre, de le transformer en l'alcool d'éthanol puis en éthylène. Le produit fini est similaire au pétrole classique. « Il est possible de faire la même chose avec des betteraves à sucre, du soja ou tout ce qui peut donner de l'éthanol », explique John Persenda, PDG du groupe Sphère. En matière de bilan environnemental, tous les voyants sont au vert. Selon Sphère, de sa naissance à son arrivée en rayon, le sac en plastique traditionnel émet 36 g de CO², la version de canne à sucre en absorbe 36 g, soit une différence de 72 g. Intéressant, d'autant que le transport a été inclus dans l'équation.

Si le plastique biodégradable revient beaucoup plus cher aux consommateurs, les produits issus de la canne à sucre seront sensiblement aux mêmes tarifs que les traditionnels, avancent les industriels. Pourtant, il faut compter un coût de matière première de 20 à 25 % plus cher que la pétrochimie. Estimant que les consommateurs ne sont pas encore prêts à payer plus pour un effort environnemental, les industriels vont tenter de faire des économies sur d'autres postes, pour ne pas répercuter cette hausse de coût dans le prix.

Pas de problème de ressources

Si l'effort est louable, l'impact des emballages plastiques ménagers sur l'environnement ne représente que « 1,5 % de l'utilisation globale du pétrole. Et la fin de la pétrochimie pour le plastique ne réglera pas les futurs problèmes de pénurie », analyse Françoise Gerardi, déléguée générale Elipso, organisation professionnelle des industriels de l'emballage plastique et souple. Cependant, Rome ne s'est pas faite en un jour. Si les fabricants s'intéressent petit à petit à ces matériaux, le chemin sera encore long, « nous utilisons 2 millions de tonnes de plastiques pour le marché français de l'emballage, contre 600 000 tonnes de biosourcées dans le monde », ajoute Françoise Gérardi.

De son côté, Braskem a de quoi s'assurer des jours heureux. Toute sa production a été achetée pour les trois prochaines années par, entre autres, Procter et Gamble, Sphère, Tetra Pak ou encore Toyota. Et si le marché des bioemballages est amené à se développer dans les prochaines années, se posera alors la question des ressources de canne à sucre. Mais pas d'angoisse pour le moment. « Au Brésil, seulement 22 % des terres agricoles arables sont cultivées, ce qui laisse presque 80 % de terres exploitables pour la canne à sucre industrielle, sans empiéter sur les surfaces agricoles alimentaires », indique Patrick de Noray, directeur de l'environnement chez Tetra Pak. Autre avantage, ce végétal n'a pas besoin de beaucoup d'eau, il n'est donc pas nécessaire de mettre en place des systèmes d'irrigation. Le XXIe siècle sera-t-il la nouvelle ère pour le plastique vert ? « Nous sommes clairement dans un virage », annonce Françoise Gérardi.

20 à 25%

Le coût supplémentaire de la matière première à base de canne à sucre par rapport au plastique issu de la pétrochimie.

Source : industriels

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