La consommation de la région lyonnaise tient malgré des ruptures
La CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne vient de publier la onzième édition d’une très vaste enquête consommateurs. Si la consommation sur ce territoire de 40 à 60 kilomètres autour de Lyon reste soutenue grâce à la croissance démographique, des points de rupture apparaissent avec l’envolée du e-commerce et l’essor de la proximité aux dépens des plus grandes surfaces. Principaux résultats en 5 graphiques.
La 11ème enquête consommateur réalisée entre mars et juillet 2022 auprès de 17 300 ménages et rendue publique mercredi 8 mars lors d’une soirée organisée au Palais du commerce de Lyon, fait ressortir les caractéristiques les plus marquantes du commerce sur la région lyonnaise (de 40 à 60 km autour de Lyon). A commencer par un potentiel de consommation qui reste soutenu grâce à la dynamique démographique. En effet, la poursuite de l’augmentation du nombre de ménages dans la région lyonnaise (+6%) a permis de soutenir le potentiel de consommation (+11%) entre 2017, date de la 10e enquête, et 2022. Cette tendance est deux fois plus marquée sur le secteur alimentaire que non alimentaire.
E-commerce et proximité au coeur des tendances
Elle révèle aussi deux tendances de fond au cours de ces 5 dernières années, la percée du e-commerce dont le poids a plus que doublé durant cette période et le succès de la proximité sous toutes ses formes par rapport aux très grandes surfaces prises en étau entre ces deux mouvements de fond. Selon l’enquête réalisée par le cabinet AID Observatoire pour la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne avec le concours de 9 partenaires et 4 soutiens, la vente en ligne dans la région lyonnaise représente désormais 1.7 milliard d’euros dont 1.6 milliard d’euros en non alimentaire, soit 22% des achats dans les commerces. Un taux qui a plus que doublé depuis 2017 (10%).
Cette forte progression du e-commerce entraîne, de facto, une baisse significative des parts de marchés des commerces physiques qui génèrent quand même un chiffre d’affaires de près de 13 milliards d’euros en progression de 6% sur 5 ans. Une progression qui reste inférieure à l’évolution du potentiel de consommation (11%) indiquent les auteurs de l’étude dans un communiqué d’où une perte d’attractivité globale.
Recentrage sur les bassins de vie
En outre, derrière la progression moyenne de l’activité se cachent des disparités entre les différentes polarités. On observe, en particulier, comme dans l’ensemble de la France, un ré ancrage territorial du commerce : 41% des ménages de la région lyonnaise déclarent privilégier plus qu’avant les commerces de proximité. Avec comme conséquence un recentrage des achats alimentaires sur quasiment tous les bassins de vie. De même, c’est la première fois depuis les années 80, que les petits commerces gagnent des parts de marché en alimentaire (+2 pts). Une évolution qui va de pair avec un fort recul des déplacements en voiture pour faire ses achats (46% des achats contre 55% il y a 10 ans).
Enfin, autre tendance de fond, le développement d’une consommation de plus en plus éco-responsable : Aujourd’hui 56% des ménages de la région lyonnaise déclarent acheter plus de produits locaux, 42% privilégient le Made in France et 23% achètent plus de produits d’occasion. Les préoccupations liées au développement durable appellent aujourd’hui à une consommation plus éthique, plus raisonnée, plus locale, plus respectueuse de l’environnement…
Les grands poles commerciaux pénalisés
Evidement ces tendances ont un impact sur les pôles commerciaux de la région (cf carte). Entre 2017 et 2022, on observe un recul du CA pour les 2 pôles régionaux principaux de la Part Dieu et de la Presqu’ile plus touchés que les autres par la baisse des achats de textiles (qui représente l’offre dominante), par la croissance du e-commerce (jusqu’à 28% de PdM en prêt à porter), par le développement du télétravail et par le rétrécissement des zones de chalandise lié aux développements hors Métropole, ainsi que lors de la réalisation de l’enquête au printemps 2022 par les phénomènes conjoncturels de sortie de crise sanitaire et aussi de fin de travaux pour le centre commercial Part-Dieu. Par ailleurs, la part accrue de la restauration et des loisirs dans l’activité de ces centres n’est pas prise en compte dans cette enquête qui porte sur les commerces purs. Et il s’avère selon les spécialistes de la CCI que les bilans d’activité des derniers mois semblent plus positifs sur ces deux polarités. Autre impact sur les pôles commerciaux, on note des ventes en baisse sur les grands sites périphériques structurés autour de gros hypermarchés, qui perdent des PdM en matière d’achats alimentaire.
En revanche, les autres typologies de pôles sont sur des dynamiques plus positives notent les observateurs venus commenter l’étude lors de la soirée de restitution : à la fois les centralités dites secondaires (sur Lyon et en 1ère / 2ème couronne) structurées par une offre commerciale moins dense mais plus mixte, notamment une offre alimentaire diversifiée, mais aussi les pôles de bassin de vie structurés autour d’enseignes alimentaires de taille moyenne et une offre non alimentaire « de proximité » (bricolage, jardinage, etc.).
17300 ménages interrogés
Réalisée entre mars et juillet 2022, la 11e enquête sur les comportements d’achat repose sur une enquête téléphonique et un sondage sur les réseaux sociaux auprès de 17 300 ménages de la région lyonnaise. Au total, plus de 285 000 actes d’achats ont été recensés, avec une question type « où avez-vous fait votre dernier achat ? » qui se déclinait sur 16 produits alimentaires ; 26 produits non alimentaires ; 3 prestations de services ; et sur des questions relatives aux pratiques d’achats. Elle porte sur un territoire de 40 à 60 kilomètres autour de Lyon représentant 3,3 millions d’habitants, cette enquête est réalisée par la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne tous les 5 ans et constitue un outil de pilotage et d’aide à la décision tant pour les acteurs publics que pour les acteurs économiques.
