La crise sociale va-t-elle nuire à la Fête des mères dans le commerce et la distribution ?
Manifs, manque de carburant, déplacements des Français plus limités. La crise sociale a des répercussions sur le commerce et la livraison des achats en ligne. A trois jours d’un moment important pour les ventes : la fête des Mères.
Sylvain AUBRIL
\ 16h53
Sylvain AUBRIL
Sur France 2, un producteur de fleurs se plaint de devoir jeter sa production faute de pouvoir livrer ses clients. Dans un autre reportage, un petit livreur-entrepositaire voit s’accumuler literie, canapés et meubles, qu’il ne peut livrer faute d’avoir trouvé des carburants. Assurément, la crise sociale née de la loi El Khomry commence à avoir des répercussions. Coe-Rexecode estime qu’elle reste limitée pour l’économie à 0,1 point de PIB, mais les manifestations, le manque de carburant et surtout la limitation des déplacements des Français a bel et bien de effets sur les ventes dans le commerce.
Le Conseil du commerce de France a sondé une dizaine de ses fédérations adhérentes, à la demande de Bercy. “La situation n’est pas catastrophique - il ne faut pas en rajouter - mais elle est préoccupante et surtout exaspérante”, indique Sofy Mulle, déléguée générale. Il y a des problèmes un peu partout en France - Nord, Sud - mais c’est surtout dans l’Ouest qu”ils sont les plus aigus, Bretagne surtout, Normandie. Une géographie qui colle exactement à la carte de France des pompes à sec ou insuffisamment approvisionnées élaborée par les pétroliers.
Les jardineries, la distribution de surgelés à domicile, la quincaillerie, ont fait remonter leurs difficultés d’approvisionnement et d’écoulement des marchandises. Des commerces seraient aussi inquiets pour leur business à l’occasion de la Fête des Mères, qui a lieu dans trois jours, le 29 mai. “Pour l’instant, nous n’avons pas entendu parler de problèmes, soutient Nathalie Lainé, porte-parole de la Fevad. Nous avons consulté les sites ce matin, il n’y a d’incidences ni sur les commandes, ni sur les livraisons”. Pas question non plus d’affoler le chaland sur les risques que le cadeau n’arrive pas à l’heure. Le gouvernement ne dit pas autre chose quant à la pénurie de carburant. “Il ne faut pas parler de pénurie, parce que ça crée la pénurie”. Et effectivement, on a vendu trois fois plus de carburant dans les trois derniers jours !
“Surcoûts considérables”
Pour autant, dire qu’il n’y a aucun problème serait tout aussi exagéré. Les petits transporteurs, ceux du dernier kilomètre, ont parfois été soumis à rude épreuve, pour trouver du gazole pour leur camionnette. Et la Fédération nationale des transporteurs routiers tirait hier 25 mai la sonnette d’alarme, via un communiqué. “Dans des conditions extrêmement détériorées, blocages, temps d’attente interminables aux dépôts, recherches de stations approvisionnées mais aussi victimes d’actes de sabotage (clous sur les routes), les entreprises de transport routier comme leurs conducteurs font face avec un dévouement et un professionnalisme sans faille. Elles mettent en œuvre toutes les solutions possibles et inimaginables pour maintenir l’économie nationale à flot. De manière efficace elles parviennent à s’organiser dans un contexte général chaotique qui engendre des surcoûts considérables !”
La Fédération vient d’obtenir une dérogation pour que les chauffeurs puissent travailler deux heures de plus par jour. Mais elle estime que la situation ne peut pas perdurer indéfiniment, “les entreprises de transport routier et leurs personnels vont bientôt arriver au bord de l’épuisement”. Il faudrait pouvoir tout livrer comme à l’accoutumée, fleurs, objets et objets connectés, pour la fête des mères. Comme ce nouveau bracelet connecté à la banque qui lance une alerte par une petite décharge électrique pour les personnes addictes aux achats et qui ont du mal à se maîtriser. Qui pourrait être aussi une idée de cadeau, même si, comme la crise sociale, elle ne favoriserait pas la consommation...