La démission surprise du gouvernement devrait aboutir à l’éviction d’Arnaud Montebourg
Le ministre de l’Economie va sans doute faire les frais de ses déclarations contestant la politique gouvernementale et la mise en cause de la rigueur imposée par l’Allemagne en Europe. Il n'aura tenu que quelques mois dans le gouvernement de Manuel Valls.
Manuel Valls, gouvernement II, à peine quelques mois après son arrivée à Matignon. Le scénario n’avait visiblement pas été anticipé, ni par le Président de la République, ni par le Premier ministre, ni par les ministres, y compris les frondeurs. C’est la prise de parole d’Arnaud Montebourg à la fête de la Rose qu’il organise chaque année à Frangy en Bresse, dans son fief électoral, avec le soutien remarqué de Benoît Hamon, qui a provoqué la crise gouvernementale. Manuel Valls a présenté sa démission, et a été immédiatement reconduit par François Hollande, afin de constituer une «équipe en cohérence avec les orientations qu’il a lui-même définies pour le pays ». Autrement dit, l’éviction d’Arnaud Montebourg, ministre en charge de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique, en charge également de la Consommation et du commerce, est presque assurée. A l’éducation, Benoît Hamon tente de s’accrocher à son fauteuil, dénonçant une « surmédiatisation » des propos d’Arnaud Montebourg, mais il n’est pas sûr qu’il soit maintenu à son ministère.
Pour le secteur de la consommation, le départ d’Arnaud Montebourg, qui a à ses côtés Carole Delga, secrétaire d’Etat au Commerce, et Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, aura évidemment un impact sur les secteurs de l’industrie et du commerce. Le gouvernement conservera-t-il la même configuration ? Va-t-on revenir vers un ministère plus classique de l’industrie et du commerce ? Carole Delga, tout juste nommée, va-t-elle rester Qui va prendre la place d’Arnaud Montebourg ? Parmi les prétendants de la première heure, au moment de la composition du gouvernement Ayrault, souvent cités, figurait le président de la Région Aquitaine, Alain Rousset, plus hollando-compatible qu’Arnaud Montebourg. Il pourrait revenir en lice.
D’autres ministres, comme Christine Taubira, pourraient en profiter pour tirer leur révérence. La ministre de la Justice n’était guère enthousiaste de faire partie du gouvernement Valls. Les Verts pourraient en profiter pour revenir : François de Rugy, président du groupe à l’Assemblée nationale, Barbara Pompili ou Jean-Vincent Placé avaient ouvertement critiqué le départ de Cécile Duflot, remplacée par Ségolène Royal. Les poids-lourds du gouvernement Valls, Michel Sapin et Laurent Fabius, vont évidemment être reconduits et prendre encore plus de place dans la politique gouvernementale. Au fond, le départ d’Arnaud Montebourg ne va pas laisser un vide sidéral : il n’a pas une influence réelle auprès des parlementaires – pas même un microgroupe – et les frondeurs, réunis autour de Christian Paul ou Laurent Baumel, ne sont pas sous son influence. Benoît Hamon dispose lui d’un micro-groupe au sein des frondeurs, mais qui n’ont pas de poids sur les orientations politiques. En revanche, la situation va probablement provoquer des tensions à l’Assemblée, lors de la discussion de la loi de finances, sur la politique de soutien à l’offre, et les conséquences de celle-ci en matière de fiscalité pour les ménages. Les prochaines semaines du gouvernement Valls seront très agitées.