La flambée du prix des fruits menace compotes et confitures
Canicule et dépréciation de l’euro font flamber le prix des fruits. Les industriels de la confiture et de la compote tirent la sonnette d’alarme. Si la pénurie ne menace pas, compotes et confitures pourraient bien devenir des produits de luxe. Le point sur la situation.
Les beaux jours ne font pas que des heureux ! "Les chaleurs intenses et prolongées que toute l’Europe a connue cet été mettent sérieusement à mal les approvisionnements en matières premières des fabricants de confitures, compotes et fruits au sirop", s’inquiète la Fédération des Industries des aliments conservés (Fiac) dans un communiqué. Particulièrement impactée par les conditions climatiques difficiles, la framboise a, sous l’effet d’une chute des volumes, vu ses cours s’envoler de 25%. Les achats réalisés à contre-saison en Amérique du sud ont quant à eux été pénalisés par la dépréciation de l’euro en début d’année face au dollar. Situation identique pour la cerise, dont les cours enregistrent une hausse moyenne de 25%. Quant à la fraise, ses cours enregistrent également une hausse de 2% à 5%, en raison notamment de la sécheresse qui a touché la production espagnole. En France, il existe très peu de variétés de fraise destinées à la fabrication de la confiture. Les achats sont effectués pour l’essentiel sur les marchés étrangers. Selon la Fiac, la pénurie ne guette pas car les fruits rouges s’achètent surgelés. Il est donc fort probable que les industriels puisent dans leurs stocks afin de passer ce moment difficile.
Les fruits jaunes (pêches, abricots pour l’essentiel), toujours en raison du déficit d’eau en Espagne, sont également impactés avec une augmentation du cours des abricots qui oscille entre 5 et 10% et de 2 à 5% en ce qui concerne les pêches. Ces fruits sont achetés en fûts aseptiques et les industriels disposent donc de réserve. Pour autant, se pose la question de la reconstitution des stocks et de l’accès à la matière première.
Fraise et abricot, confitures préférées des Français
En France, la confiture de fraise représente 25,5% des volumes du marché confiture et celle à l’abricot 17,5%. La confiture de framboise pèse près de 7% de volumes et celle de fruits rouges 5,4%. Avec l’évolution du cours des fruits, ces confitures pourraient donc devenir des produits de luxe !
Les pommes sous pression
En ce qui concerne la pomme, la situation est également inquiétante pour les industriels de la compote. 80% des pommes transformées pour le marché de la compote sont d’origine française. Contrairement aux fruits rouges, les conditions climatiques difficiles ne sont pas en cause. La collecte se révèle même de très bonne qualité avec des volumes en hausse que les producteurs cherchent à valoriser sur le marché du frais et sur de nouveaux débouchés à l’export, depuis la fermeture du marché russe. Les débouchés industriels en sont donc affectés. Rappellons que les frutis mis en oeuvre dans la fabrication d'une compote représentent 50% à 60% du coût de la fabrication.
Très chers fruits exotiques
Dans ce contexte difficile, les fruits exotiques importés de l’hémisphère sud et dont les achats sont effectués en dollar, ont pris de plein fouet l’augmentation de la valeur du dollar américain au cours de l’hiver 2015, faisant flamber le cours de la banane du Costa Rica de plus de 25% par exemple.
Une conjoncture qui pousse les industriels de produits transformés à base de fruits à entrer en concertation avec les producteurs en amont et les distributeurs en aval…