La franchise, un modèle au pouvoir d'attraction renforcé

Le contexte 

• En 2022, le secteur a réalisé une belle performance avec un chiffre d'affaires en hausse de 11,4 % et plus de 5 000 franchisés supplémentaires.
• De plus en plus de succursalistes tablent sur un développement mixte intégré/ franchise.
• Ce modèle répond aux enjeux de développement et d'équilibre économique des enseignes.

Un gain historique ! En 2022, 5363 nouveaux franchisés sont venus rejoindre les rangs de cette « communauté » forte de 84 497 « membres », soit près de 51 500 de plus qu'en 1990 et 26 000 de plus qu'en 2010, selon les données de la Fédération française de la franchise (FFF). Le chiffre d'affaires du secteur s'est envolé, lui, de 11,4 % en 2022 pour atteindre les76,62 milliards d'euros, alors qu'il n'était que de 21,8 milliards d'euros en 1990 et de 53,38 milliards d'euros en 2015. Autant d'indicateurs qui confirment que ce modèle attire toujours plus d'enseignes comme de candidats. « L'engouement pour l'entreprenariat sous sa forme la moins risquée et la plus simple qu'est la franchise est notable depuis plusieurs années et s'amplifie. Et pour cause, ce modèle est la voie par excellence pour asseoir plus rapidement son expansion, atteindre plus vite le point d'inflexion économique et garantir la pérennité de l'entreprise », analyse Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la FFF.

L’engouement pour l’entreprenariat sous sa forme la moins risquée et la plus simple qu’est la franchise est notable depuis plusieurs années et s’amplifie. Et pour cause, ce modèle a de multiples atouts. Il permet notamment d’avoir une expansion rapide et d’atteindre plus vite le point d’inflexion économique.

Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise

« L'accélération est nette depuis le Covid. Les mutations économiques, les changements de consommation, le désir de nombreux citoyens d'entreprendre ont provoqué des évolutions majeures dans la stratégie des enseignes. Dans cette logique, la franchise ressort comme un levier clé car elle assure un maillage plus rapide, un partage des investissements et se révèle bien moins gourmande en capitaux propres, indique Sylvain Bartolomeu, président dirigeant associé de Franchise Management. Ce qui au vu du contexte économique est un avantage précieux. De plus, gérer un réseau 1 00 % intégré est très compliqué, le coût au mètre carré est lourd, le parc est plus difficile à mobiliser et ça coûte bien plus cher. » Selon les estimations des experts, les économies de coûts entre un développement en franchise versus en intégré sont de 20 à 30 %.

L'exigence de s'investir pleinement

Au-delà de cet argument économique de choc, la franchise permet de se développer vite et partout, d'être plus agile, plus efficace et plus en phase avec les réalités économiques. Mais attention, si les avantages sont indéniables, quelques prérequis sont nécessaires pour réussir. « Il faut que le concept soit viable et déclinable en franchise, il faut aussi assurer le suivi et l'animation du réseau, lui proposer des formations, des services… La franchise, c'est un métier qui exige de s'investir pleinement sur tous ces sujets », conseille Véronique Discours-Buhot. « Les réseaux intégrés qui veulent recourir à la franchise sont souvent opérationnels sur la partie technique, mais ilsn'en ont pas la culture. Et ont tendance à sous-estimer l'impact sur le management, l'organisation de l'entreprise. La franchise exige d'être solide sur les bases, de fixer un cap et de s'y tenir au risque de se solder par un échec », note Sylvain Bartolomeu.

En attendant, pour toutes ces raisons et sous ces réserves, au-delà des franchiseurs historiques comme Point Sou Afflelou, qui continuent de pousser fortement leur développement en France comme à l'international, de plus en plus de succursalistes se lancent dans l'aventure, optant pour un modèle hybride. Dernier exemple en date avec Lapeyre, qui se déclinera en franchise avec des premiers points de vente dès ce mois de mars. « Nous devrions compter d'ici à la fin de l'année entre 5 et 8 magasins franchisés en France », annonce Marc Ténart, PDG de l'enseigne, qui communique sur 70 sites cibles. The Body Shop vient aussi d'ouvrir son premier magasin en franchise dans le centre de Besançon sur 50 m2, avec pour ambition deviser les villes dites d'au moins 100 000 habitants et d'atteindre un réseau de 30 franchises à terme, dont 10 dès 2023. « Non seulement les villes intermédiaires ont gagné du poids avec la pandémie mais elles offrent de belles opportunités immobilières. Cela crée un contexte favorable pour notre marque et se traduit par de nombreuses candidatures des quatre coins de la France », souligne Louise Devillers, responsable de la Franchise pour la France et le Benelux de The Body Shop.

La franchise s’impose de plus en plus chez les succursalistes car c’est une structure dynamique et moins gourmande en capitaux propres. Mais pour réussir, il faut ne pas sous-estimer les spécificités de ce modèle et acquérir au plus vite la culture de la franchise.

Sylvain Bartolomeu, président dirigeant associé de Franchise Management, spécialisé dans le conseil aux franchiseurs

Une inversion de l'offre et de la demande

Au-delà de ces nouveaux entrants, d'autres, comme Franprix qui s'est converti en 2017 et compte 1 100 magasins dont 820 franchisés à fin 2022, ont bien l'intention d'en faire leur modèle dominant. « Nous allons ouvrir un magasin franchisé tous les deux jours avec l'ambition de doubler notre parc d'ici à 2026, annonce Emmanuel de Courrèges, directeur de la franchise de l'enseigne. Nous souhaitons nous renforcer là où nous sommes déjà très présents, comme en région parisienne, qui devrait concentrer 70 % des ouvertures, en Rhône-Alpes et, plus précisément, dans tout l'arc méditerranéen, de Nice jusqu'à Montpellier. » Faisant figure de pionnier dans cette stratégie mixte intégré/franchise, impulsée il y aune dizaine d'années, Fnac Darty, dont les franchisés représentent désormais plus de la moitié du parc des deux enseignes, n'est pas en reste. « En dix ans, nous sommes passés de 0 à 400 franchises. Et nous continuons notre développement, il y a encore des places à prendre », affirme François Gazuit, directeur d'exploitation, qui annonce une trentaine d'ouvertures pour 2023.

Si effectivement, des places restent à prendre, entre l'arrivée en force des succursalistes et la poussée des franchiseurs historiques, la concurrence s'annonce rude, tant pour dénicher les bons emplacements que les bons candidats. « Il y a certes l'émergence d'une nouvelle génération de profils ayant une âme entrepreneuriale, donc plus de candidats qui aspirent à être leur propre patron, mais l'intensité concurrentielle est telle qu'il y a une inversion de l'offre et de la demande », conclut Sylvain Bartolomeu.

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