La location-gérance, à double tranchant
Palier intermédiaire entre le succursalisme et la franchise, la location-gérance présente des avantages pour les deux parties. À condition que les termes du contrat, notamment lors de la sortie, soient bien précis.
Et si la location-gérance devenait tendance ? Chez Carrefour, on y songe sérieusement, même pour les hypers : ce serait une manière de rentabiliser à moindre coût les magasins et de prendre moins de risques. Il n’est pas le seul. Casino ou Yves Rocher y ont recours. À mi-chemin entre le salariat et la franchise, la location-gérance peut jouer le rôle de tremplin pour un entrepreneur en devenir, mais à ses risques et périls. Car si, pour l’enseigne, le système est souvent bénéfique, l’aventure est plus dangereuse côté locataire-gérant, notamment s’il n’a pas bien lu les conditions du contrat le liant au « franchiseur ». « Elles doivent être définies et les règles de sortie stipulées, explique Nathalie Dubiez, fondatrice de Aureabee, cabinet spécialisé dans le développement et financement. Le locataire-gérant se retrouve avec un outil de production entre les mains, ce qui est stimulant et risqué. » Les termes pour devenir franchisé après plusieurs années de location-gérance doivent être précisés.
Pas tout à fait indépendant, le locataire-gérant doit pourtant gérer le fonds de commerce. Une situation d’attente qui lui permet de patienter et de se roder, le temps de trouver les financements pour basculer en franchise. « S’il est performant, le locataire-gérant peut générer un capital personnel et devenir franchisé sur un autre site », confirme Sandrine Richard, avocate chez Simon & Associés.
Un galop d’essai
Pour 7 500 € chez certaines enseignes, à vous la franchise d’un magasin de proximité. Loin de la mise de départ pour devenir son propre patron, autour de 30 % d’apport personnel. C’est également un pari. « La location-gérance peut transformer un point de vente dormant en centre de profits, assure Nathalie Dubiez. C’est stimulant. » Moins risqué que la franchise, le système est un peu un galop d’essai pour le locataire-gérant. Souvent, il reprend un fonds ayant déjà été exploité et a une visibilité sur les chiffres.
Sans intermédiaire, la location-gérance intéresse les enseignes. C’est un moyen de « sauver » un point de vente en mal de rentabilité – un locataire-gérant sera toujours plus motivé qu’un simple salarié – et de garder la maîtrise de ses implantations. « Le franchiseur ne perd pas ses emplacements, même quand le locataire-gérant part », explique Nathalie Dubiez. Pour certains magasins excentrés, loin du site central, où le chiffre d’affaires peut chuter, la location-gérance s’avère une bonne solution pour la tête de pont. « Cela lui permet d’avoir tout de suite une personne opérationnelle sur le site », estime Sandrine Richard. Le locataire-gérant n’a pas de lien de subordination avec le franchiseur. Tout est régi par un contrat de location-gérance signé à l’avance pour une durée minimale de deux ans, sauf exemption d’un juge. Il suffit de bien le lire. Alors la location-gérance devient un modèle gagnant-gagnant.
Le principe
En échange de l’exploitation du magasin, le locataire-gérant verse une redevance à l’enseigne.
- Les avantages
L’enseigne garde la mainmise sur les emplacements et a une personne motivée et intéressée.
Le locataire-gérant gonfle son apport financier et y trouve un tremplin.
- Les risques
Des conditions d’exploitation et de sortie parfois peu intéressantes pour le locataire-gérant.
