La machine à innover de Pernod-Ricard à plein régime
Le numéro deux mondial des vins et spiritueux veut accélérer le rythme de ses créations. Il a conçu tout un écosystème visant à repérer plus vite les bonnes idées des 19 000 salariés du groupe.
Sylvie Leboulenger
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Sylvie Leboulenger
Qui a dit que l'industrie des spiritueux était frileuse, figée, qu'il lui est difficile d'innover autrement qu'en changeant de verrerie Pas Pernod-Ricard, le numéro deux mondial des vins et spiritueux. Et pourtant, la moitié de son portefeuille est composée de marques plus que centenaires. Une longévité qui n'empêche rien : depuis quelques années, le groupe a désigné l'innovation comme un relais essentiel de sa croissance. Et pour cause. « 25% de la croissance organique sont dus à l'innovation », assure Alexandre Ricard, directeur général délégué de Pernod-Ricard. Raison pour laquelle, ces dernières années, le nombre de nouveautés a considérablement augmenté : 40 lors de la première journée de présentation des innovations à la presse - c'était en 2011 -, 100 le 28 janvier dernier, lors d'une session à l'École 42, l'école d'informatique fondée en 2013 par Xavier Niel, le patron de Free.
Centre de recherche, Observatoire de la convivialité, Kangaroo Fund et réseau interne
Pourquoi dans cette école où les élèves, scotchés à leur ordinateur, inventent les applications de demain Parce que le digital est un pilier essentiel du programme d'innovations de Pernod-Ricard. « Nous voulons que nos marques soient à la rencontre du monde digital et du monde matériel, poursuit Alexandre Ricard. Le digital nous permet d'avoir une interaction directe avec nos consommateurs, de mieux les connaître. » Il suffit de voir les exemples de Beefeater #My London et du Bar à pluie de Ricard.
25%
La part de la croissance organique (+ 4%, soit 319 M € sur l'exercice 2012-2013) du groupe liée à l'innovation 40 Le nombre d'innovations présentées en 2011 100 En 2014 Source chiffres : Pernod-Ricard
Pour innover plus vite et de façon plus percutante et digitale, Pernod-Ricard a organisé tout un « écosystème de l'innovation ». Outre un centre de recherche classique - le CRPR de Créteil (94) -, le groupe a créé l'Observatoire de la convivialité, qui réunit tout un réseau de sociologues pour « comprendre les codes locaux de la convivialité », explique Thierry Billot. Mais aussi le Kangaroo Fund : un fonds d'investissement interne qui donne l'opportunité à des collaborateurs du groupe de développer leurs propres idées, à la suite d'une présentation des projets par vidéo devant les managers du groupe et une agence de création. Depuis sa naissance, le Kangaroo Fund a déjà reçu 142 propositions dont dix ont attiré l'attention. Et trois idées sont en cours de finalisation. Le groupe a également mis au point un réseau social d'entreprise, le Pernod-Ricard Chatter, pour que les « 19 000 collaborateurs puissent échanger sur le thème de l'innovation. À ce jour, il existe 1 200 communautés actives sur des thèmes ou marques bien précis », poursuit Thierry Billot. Enfin, en janvier 2012, Pernod-Ricard créait Big pour Breakthrough Innovation Group, une start-up délocalisée - elle est située place de la Bastille, tandis que le groupe est place des États-Unis - qui doit réfléchir à des innovations de rupture. C'est chose quasi faite avec Gutenberg (voir ci-contre), un projet révolutionnaire et ambitieux de bibliothèque connectée de spiritueux.
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Le nombre d’innovations présentées en 2011100
En 2014 Source chiffres : Pernod-Ricard
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Le digital est un pilier fondamental, un accélérateur de business, car il nous permet de mieux connaître nos consommateurs et d’interagir avec eux.
Alexandre Ricard, directeur général délégué
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Il faut être patient ! La montée en puissance d’un nouvel élixir arrive la troisième année qui suit son lancement. Cela s’est révélé vrai pour Chivas 18 ans, qui dépasse aujourd’hui les 100 000 caisses, le seuil de visibilité pour une nouveauté, au niveau mondial.
Thierry Billot, directeur général adjoint en charge des marques
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LE BAR À PLUIE DE RICARD
Rond ou carré Bleu ou jaune Les fans de la page Facebook de Ricard ont participé à toutes les étapes du projet installé pour la première fois à Paris en novembre dernier : une sorte de minichâteau d’eau qui récolte et filtre l’eau de pluie…GUTENBERG
La bibliothèque de spiritueux connectée Gutenberg se compose d’un plateau connectable à un site ou une application pour concevoir des cocktails. Viendront s’y placer des « livresbouteilles » pleins de Chivas, de Jameson ou de Malibu. Gutenberg est un prototype bientôt testé par des salariés du groupe.
JACOB’S CREEK WAH
Le vin qui s’accorde à tous les sushis La marque de vins australiens Jacob’s Creek a travaillé avec le chef japonais Ginza Sushi Kou pour élaborer un vin blanc se mariant bien avec la plupart des plats japonais, mais aussi avec les sauces soja et dashi. Une version thaïlandaise, Lamoon, vient d’être lancée.OUR/BERLIN
La vodka des capitales L’idée Développer des «Craft Spirits», ces alcools artisanaux très en vogue aux États- Unis. Our/Berlin est issu et vendu dans une microdistillerie de… Berlin. Our/New York et Our/ Tokyo suivront. Pernod- Ricard s’associera toujours à un distilleur local pour cette marque.BEEFEATER MYLONDON
1 000 photos sur la bouteille Les Londoniens ont été invités à mettre en ligne leurs photos préférées de la capitale anglaise sur le site beefeaterginmylondon. com. La marque de gin a alors réalisé une édition limitée à partir de 1 000 images postées sur le site, et a organisé une projection au laser de ces photos sur les murs du marché de Covent Garden (Londres).CHIVAS REGAL MIZUNARA
Whisky écossais vieilli à la japonaise Le Mizunara est un chêne rare du Japon, couramment utilisé par les maîtres distilleurs nippons. Chivas a souhaité rendre hommage à leur savoir-faire en faisant vieillir une sélection de Chivas d’au moins douze ans dans des barriques de ce bois. Celles-ci apportent des notes très fines d’encens et de fruits.