Labeyrie Fine Foods dévoile sa nouvelle feuille de route
En attendant l’arrivée d’un nouveau président, prévue pour juin 2017, les actionnaires de Labeyrie Fine Foods ont dévoilé les axes stratégiques du groupe : priorité à l’international et au développement en France de nouveaux marchés, dont le bio.
La présentation des résultats de la saison festive à peine achevée, les équipes de Labeyrie Fine Foods se sont réunies en séminaire fin janvier. Trois jours pour prendre la mesure de la nouvelle organisation du groupe et des orientations stratégiques. Un séminaire sans doute pas comme les autres, après le départ, le 7 novembre 2016, de Xavier Govare, le président de l’entreprise, sur fond de désaccord stratégique avec l’actionnaire PAI Partners, qui détient 4 % du capital, à parité avec la coopérative Lur Berri (les 14% restants étant détenus par les salariés).
« Jusque-là organisé en business units complètement indépendantes, le groupe Labeyrie Fine Foods privilégie désormais une approche globale de gestion de portefeuille. L’existence de ces business units n’est pas remise en cause, mais celles-ci devront travailler davantage ensemble, afin que la croissance de l’une puisse nourrir le développement de l’autre », explique Pierre-Yves Ballif. Le directeur général de Blini (Blini, L’Atelier Blini) assure la présidence de Labeyrie Fine Foods jusqu’à ce qu’un successeur soit trouvé à Xavier Govare, sans doute d’ici au mois de juin.
Mais sans attendre et, après une année 2016 marquée par plusieurs acquisitions, Labeyrie Fine Foods se montre prêt à attaquer de nouveaux marchés, tant en France qu’à l’étranger, où le groupe réalise déjà 40% de son chiffre d’affaires.
En mars 2016, Labeyrie Fine Foods avait fait l’acquisition, auprès du groupe de boulangerie industrielle Menissez, de deux sociétés, Père Olive et King Cuisine. Implanté en Belgique, Père Olive est spécialisé dans le conditionnement d’olives fraîches et fabrique également quelques tartinables. Son chiffre d’affaires s’élève à 30 millions d’euros et sa production à 3 500 tonnes. Situé aux Pays-Bas, King Cuisine opère sur le marché du traiteur premium et produit également 1 200 tonnes d’olives, pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. « Avec ces acquisitions, nous allons étendre la distribution de nos produits vers la Scandinavie et l’Allemagne, et conforter en France notre activité dédiée à l’apéritif frais », détaille Pierre-Yves Ballif. Dès ce mois-ci, sous la marque Père Olive, une offre de coupelles d’olives fraîches – dont une partie en bio – sera implantée au rayon quatrième gamme. De quoi bousculer, espère Labeyrie Fine Foods, un marché estimé à environ 2 000 tonnes et dominé pour l’essentiel par des produits ambiants.
L’entreprise se lance dans le bio
Sous la marque L’Atelier Blini, Labeyrie Fine Foods entend prendre position sur le marché bio, avec une offre d’olives, de blinis, de tartinables et de salades snacking. La marque Père Olive, lancée en février au rayon quatrième gamme, proposera également une offre d’olives bio.
Des activités séparées
En parallèle de ce lancement, un concept de bar à olives fraîches a été mis au point et est également en cours de déploiement dans les points de vente. Des ambitions qui ont conduit Labeyrie Fine Foods à spécialiser les sites de Père Olive et de King Cuisine. Le premier sera désormais entièrement dédié au stockage et au traitement des olives, tandis que le second ne produira plus que des tartinables, pour le compte de la marque L’Atelier Blini et des MDD, marché très développé outre-Manche. Et c’est justement depuis le site de King Cuisine que sont développés les premiers produits bio de la marque L’Atelier Blini. La gamme, qui arrivera en linéaire à partir d’avril, sera composée d’olives, de tartinables, de blinis et de salades snacking. Alors que la GMS est peu présente sur le marché du snacking (seulement un achat sur quatre est réalisé en grande distribution pour une consommation immédiate), Labeyrie Fine Foods espère bien convaincre les enseignes d’ouvrir des espaces dédiés, à proximité de l’entrée des magasins.
Les enjeux
- Malgré un contexte difficile marqué par la hausse du prix du saumon et la grippe aviaire, le numéro un des produits festifs a réussi à passer le cap décisif de la saison des réveillons.
- Fort de plusieurs acquisitions en 2016, le groupe compte se développer sur de nouveaux marchés (bio, olives fraîches).
- Le développement à l’international est une priorité. Des acquisitions sont envisagées en Amérique du Nord.
Également initiée en 2016, la prise de participation de 50% du groupe landais Aqualande, spécialiste de la sélection et de l’élevage de truites et de poissons marins auprès de la coopérative des Acquaculteurs landais, doit dès cette année permettre à Labeyrie Fine Foods de mettre en place les premières synergies commerciales et marketing. « Le marché du saumon est extrêmement tendu, marqué par une hausse de 60% du prix de la matière première depuis un an. Dans ce contexte, l’expertise d’Aqualande sur la filière amont constitue un précieux atout », fait remarquer Pierre-Yves Ballif. Sans compter que les difficultés du marché du saumon accélèrent le développement de la truite. L’augmentation de la ressource est ainsi la priorité d’Aqualande.
988 M€
Le chiffre d’affaires de Labeyrie Fine Foods pour l’exercice 2015-2016, clôturé au 30 juin 2016 + 13,6 % par rapport à l’exercice 2014-2015
5 000
Le nombre de salariés
20
Le nombre de sites industriels
Source : Labeyrie Fine Foods
Une filière fragilisée
Toujours en France et malgré les vents contraires, Labeyrie Fine Foods affiche, au terme de la saison festive, des parts de marché en hausse pour le foie gras, le saumon fumé, l’apéritif frais, les poissons et crevettes. Seul point noir, les surgelés, où la réduction de l’offre (- 30% de références) a entraîné un recul de la marque Labeyrie. Mais l’année 2017 présente encore bien des inconnues. Prudent, Labeyrie Fine Foods va devoir composer avec la hausse structurelle du prix du saumon et, surtout, les difficultés de la filière du foie gras. La grippe aviaire est en effet loin d’être terminée. Les abattages massifs de canards gras et les mesures de vide sanitaire dans le sud-ouest de la France pourraient donc entraîner, dès le mois de mars, des mesures d’activité partielle à Came, dans les Pyrénées-Atlantiques, principal site de fabrication de Labeyrie. Un contexte compliqué qui n’a pas empêché la marque de lancer, en novembre 2016, une offre de jambon haut de gamme, issu de porcs ibériques.
En dehors de la France, le groupe compte poursuivre son développement. En ligne de mire, l’Europe et, en particulier, l’Allemagne et ses 80 millions d’habitants, l’Amérique du Nord, où Labeyrie Fine Foods regarde de près les opportunités d’acquisitions et, enfin, le Moyen-Orient et l’Asie, zones dans lesquelles Labeyrie compte bien incarner le luxe alimentaire à la française.
« Après une année 2016 marquée par plusieurs acquisitions, Labeyrie Fine Foods se montre prêt à attaquer de nouveaux marchés, tant en France qu’à l’étranger, où le groupe réalise déjà 40% de son chiffre d’affaires. »
Pierre-Yves Ballif, président de Labeyrie Fine Foods à titre transitoire.