"Le challenge est de faire en sorte que le consommateur chinois reste dans l’environnement Alipay", Stéphane Jacquis (Ingenico)
Alipay et Ingenico viennent de signer un accord pour déployer le service de paiment d’Alibaba en Europe. Quel est l’intérêt pour les retailers ? Quelles enseignes sont visées ? Stéphane Jacquis, Directeur Multi-Channel Services d'Ingenico, en charge du déploiement du service.
Stéphanie Mundubeltz-Gendron
\ 12h12
Stéphanie Mundubeltz-Gendron
LSA : Pourquoi avoir signé un partenariat avec Alipay ?
Stéphane Jacquis : Nous avons enregistré une demande croissante pour adresser le mode de paiement des touristes chinois en Europe. Alipay propose un service clé en main. Il s’agit du meilleur accompagnement demandé par les touristes chinois pour des marques comme Galeries Lafayette, Printemps… L’utilisation de l’application d’Alipay dans les magasins en Europe sera uniquement destinée aux touristes chinois. Le challenge est de faire en sorte que le consommateur chinois reste dans l’environnement Alipay et de le garder captif autour de l’ensemble des services de la plateforme. Pour nous, comme pour les retailers, c’est une vraie opportunité.
LSA : Quand Alipay sera-t-il opérationnel en Europe ?
S. J. : Le partenariat avec Alibaba porte sur trois axes : le paiement on-line avec Alipay, déjà opérationnel ; la possibilité de payer avec Alipay en magasin dont les premiers pilotes arriveront d’ici à la fin d’année pour un déploiement à partir de 2017 ; et enfin sur les différentes marketplaces d’Alibaba, la possibilité d’adresser le moyen de paiement en fonction de chaque pays, pour ne pas se limiter au marché chinois. Ce dernier axe est en cours de déploiement.
LSA : Quelles enseignes sont-elles intéressées ?
S. J. : Toutes les marques de luxe, de voyage, de vin, de mode ou de parfum sont visées. Nous sommes actuellement en discussion avec des marques comme le Printemps, les Galeries Lafayette, le Bon Marché, Aelia Duty Free… Autrement dit, avec toutes les enseignes visitées par les touristes chinois.
LSA : Est-ce compliqué à installer pour un retailer ?
S. J. : L’intérêt du partenariat entre Ingenico et Alipay est qu’une bonne partie de ces enseignes est déjà équipée de la solution de paiement centralisé d’Ingenico : l’intégration est donc simple. Cette solution est utilisée par plus de 350 enseignes en Europe et en Australie et représente 3,5 milliards de transactions par an (chiffres 2015). Si l’on part d’une autre solution, cela peut devenir plus compliqué. Nous avons de plus mis en place des systèmes sur l’ensemble des interfaces pour limiter la complexité de l’intégration d’un lecteur de QR Code par les retailers.
LSA : Quel est le coût pour le commerçant ?
S. J. : A partir du moment où il est équipé de la solution de paiement centralisé d’Ingenico, c’est minime. Ensuite, c’est un partage de bénéfice entre le commerçant, la banques, Alipay et Ingenico.
LSA : Les banques françaises ne sont-elles pas trop frileuses ?
S. J. : La banque doit jouer un rôle dans la communication vers les commerçants. En Europe, Alipay ne peut pas verser de l’argent sur le compte du marchand sans accord préalable avec les banques.
LSA : Quels seront les premiers pays européens concernés par le déploiement d’Alipay ?
S. J. : Nous allons probablement commencer par la France. En 2014, 10 millions de touristes chinois se sont rendus en Europe et 2 millions en France. Dans son chemin à travers l’Europe, la France et notamment Paris sont les étapes par lesquelles passent les Chinois pour acheter des vêtements de marques et des produits de luxe.
LSA : Quels sont les premiers résultats du déploiement d’Alipay on-line en Europe ?
S. J. : Les chiffres sont supérieurs à nos attentes.