Le livre jaune du Medef pour créer de l'emploi fait bondir les syndicats
« Oui, il est possible de créer 1 million d’emplois ». Pierre Gattaz, le patron du Medef, y croit et le fait savoir dans une interview publiée par le Monde de ce soir. Attendu pour l’université d’été, et finalement livré aujourd’hui, le petit livre jaune du patronat contient toute une série de propositions guère surprenantes de la part du Medef : remise en cause des 35 heures, suppression de jours fériés, libéralisation du travail dominical, refonte du code du Travail. Sur le premier point, objet de polémiques continues depuis sa création en 1998, Pierre Gattaz propose de redonner la main aux entreprises. « Demain, c’est dans l’entreprise que tout doit se passer. C’est là que doivent être négociés le temps et l’organisation du travail. Certains chefs d’entreprise peuvent avoir besoin de mobiliser leurs salariés 40 heures par semaine pour tenir face à leurs concurrents étrangers. Pour d'autres, ce peut être 32 heures. (…). A chaque entreprise de fixer le temps de travail, que ce soit 32, 35 ou 40 heures ».
Pierre Gattaz se montre catégorique. « Notre modèle social, économique et fiscal est à bout de souffle. Il faut le réinventer, pas le casser ou le laisser mourir. Nous proposons de simplifier le code du Travail ». Parmi ce toilettage pourrait figurer le travail le dimanche. « L'enjeu, c'est de profiter du tourisme et de s'adapter aux nouveaux modes de vie. La France est la première destination touristique au monde. Mais elle se situe au cinquième ou au sixième rang en termes de dépenses par personne, notamment parce que les touristes vont à Londres faire leurs courses le dimanche. Ce jour-là, il faut ouvrir les magasins dans certaines zones, sur la base du volontariat et de façon négociée. Même chose pour le travail après 21 heures ».
Un bond en arrière pour la CFTC
Du côté des syndicats, ça grince, évidemment. Pour la CFTC, ce petit livre jaune du Medef est un « bond en arrière ». « Qu’il s’agisse de la durée du travail, de la possibilité d’embaucher des salariés à un coût inférieur au minimum salarial, ou encore de contrats de mission temporaire, les voies ont déjà été explorées par d’autres pays comme l’Irlande, un pays aujourd’hui en faillite ». Le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a estimé au micro de France Info qu'il s'agissait « d'un recul social dangereux pour l'ensemble des salariés » avant d'ajouter, « il est temps que le patronat revienne à la raison et arrête ses provocations ». M. Lepaon a particulièrement critiqué la préférence affichée pour les accords négociés à l'intérieur des entreprises, ce qui serait « une bataille du pot de terre contre le pot de fer » pour les salariés.La balle est dans le camp du gouvernement.