"Le volet franchise de la loi El Khomri va perturber un équilibre économique déjà instable" [Tribune]
Laurent Kruch, PDG de Territoires et Marketing, un spécialiste de la géolocalisation, notamment appliquée aux réseaux de franchise, expert de la FFF depuis de nombreuses années, et grand connaisseur du secteur réagit au volet franchise du projet de loi El Khomri. Ce texte qui veut instaurer "une instance de dialogue" social dans les réseaux de franchise risque de déséquiliber l'équilibre économique d'un secteur porteur mais instable. Tribune.
De nombreux jugements et arrêts sont prononcés autour du manque d’indépendance du franchisé vis-à-vis du franchiseur et le projet de loi instaure une dépendance. Donc, on pourrait se retrouver avec des forts principes d’indépendance rappelés dans des jugements et pour autant une forte dépendance par le lien social. C’est incohérent.
« A vouloir trop bien faire, on finit par détruire les choses. »
Il y a certainement une volonté positive d’apporter un soutien social aux salariés des petits commerces indépendants franchisés qui partirait du principe qu’ils en manquent dans les petites entreprises et que se raccrocher aux instances des plus grosses leur serait bénéfique.Je suis loin d’en être convaincu. Le franchisé pourrait perdre sa liberté ou son envie de « faire mieux » en matière sociale que ne le ferait le franchiseur.
Je pense que la franchise se base sur un principe d’indépendance entre le franchisé et le franchiseur. Et ce principe fait toute la force et l’intérêt du mécanisme qu’est la franchise. Et que chaque salarié trouve dans ses choix de carrière les intérêts qui lui sont personnels à travailler pour l’un ou l’autre. Ces 3 acteurs adoptent chacun un rôle vertueux dans l’équilibre du commerce, parce qu’ils ne sont pas confondus les uns et les autres. Parce qu’ils ont chacun leurs intérêts individuels et leurs intérêts communs.
C'est aussi le choix des salariés
Cet équilibre bénéfice tant au consommateur qu’aux franchisés, qu’aux franchiseurs, qu’aux salariés. En effet, le salarié travaillant pour un franchisé trouve des avantages et inconvénients différents que celui qui fait le choix de travailler dans un magasin du franchiseur. On se retrouve dans le choix des salariés à travailler dans une petite entreprise ou dans un (grand) groupe où les possibilités d’évolution sont différentes (pas meilleures, mais différentes).
Je m’interroge sur ce que cette loi va perturber dans un équilibre économique déjà instable et dans les répercussions néfastes qu’elle peut avoir dans des relations entre franchisés et franchiseurs. Enfin, répond-elle vraiment à une attente ou à un manque ? Y a-t-il eu un dialogue avec les professionnels et salariés du secteur pour aboutir à ces propositions ? Les salariés des franchisés appellent-ils ce type de mesure ? Je ne crois pas.
Le risque est fort de faire plus de mal que de bien.