Pour accélérer la construction de sa marketplace, Leboncoin rachète Videdressing
Le géant du CtoC est intéressé par les compétences techniques des équipes de Videdressing dans le paiement en ligne et la livraison. Ce rachat va également permettre au groupe d'intégrer à son giron les 3 millions de visiteurs uniques de la place de marché CtoC mode.
Pour assoir sa domination sur le marché tricolore du CtoC, Leboncoin met la main sur l'un des pionniers des sites de vente en ligne communautaire d'articles de mode Videdressing, fondé en 2009. Le montant de cette acquisition est resté secret. Leboncoin, qui entrera en Bourse en 2019, aux côtés de 15 autres sites CtoC possédés par sa maison mère norvégienne, Schibsted, compte en cumulé 2,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur ses catégories vêtements, chaussures, montres et bijoux, accessoires et bagagerie. Il intègre grâce à cette opération les 3 millions d'utilisateurs uniques mensuels de Videdressing à son giron. La marketplace spécialisée a enregistré en 2017 un volume d'affaires de 35 millions d'euros. Elle totalise 1 million d'annonces et gère 25 000 transactions par mois. "L’acquisition de cette marque reconnue s’inscrit dans la stratégie de croissance du boncoin Groupe, qui depuis fin 2016 intègre des sites spécialisés sur ses marchés comme cela a été le cas avec AgriAffaires, MachineryZone ou encore A Vendre A Louer", indique le directeur général de Leboncoin Antoine Jouteau.
Mais le secteur de la vente de vêtements d'occasion est loin d'être un territoire vierge. Leboncoin y fait face à des concurrents comme Vestiaire Collective et Vinted, qui ont respectivement levé 58 et 60,6 millions d'euros depuis leur création en 2009 et 2008. Vinted, qui compte 900 000 membres, prélève une commission de 5% et des frais fixes de 0,70 euros à l'acheteur en échange de l'utilisation de son système de paiement. Un modèle attractif pour les vendeurs comparé à celui de Videdressing, qui prélevait jusqu'à présent une commission de 15% sur les ventes, comprise entre 3 et 300 euros. Reste à savoir si le business model de Videdressing va changer maintenant qu'il est intégré à la galaxie Leboncoin, qui ne prélève pas de commission sur les ventes des particuliers.
Intégrer la livraison au tunnel d'achat
Leboncoin a aussi racheté la place de marché mode pour ses compétences techniques. "Videdressing a notamment une expertise très avancée sur des fonctionnalités relatives au paiement et à la livraison. Le partage de connaissances va permettre d’offrir rapidement à nos utilisateurs une meilleure expérience sur nos catégories mode, qui sont parmi les plus populaires", souligne Antoine Jouteau.
Mais ces compétences pourraient être utilisées sur un nombre de catégories plus important par le géant du CtoC, qui construit depuis septembre 2018 un nouveau modèle de place de marché, qui coexiste avec celui de site de petites annonces, laissant ses utilisateurs gérer eux même le paiement, qui était réalisé en 2017 dans 80% des cas de la main à la main. Leboncoin propose à ses utilisateurs particuliers un système de paiement en ligne intégré à sa messagerie, construit avec la fintech Adyen. Objectif affiché par le groupe : donner confiance à l'utilisateur pour continuer à croître sur le marché du CtoC, où l'entreprise au 28 millions de visiteurs uniques par mois fait notamment face à eBay et Rakuten (respectivement 11,6 et 7,8 millions de visiteurs uniques par mois). Dans les prochains mois, Leboncoin prévoit d'intégrer à son tunnel d’achat un système de livraison opéré par des partenaires, une solution que Videdressing pourrait l'aider à mettre en place.
Leboncoin n'a pour l'instant pas prévu de faire payer ces deux nouvelles fonctionnalités de paiement et de livraison aux vendeurs ou aux acheteurs particuliers de sa plateforme, mais il devra à terme développer un business model viable autour de ces services. Là encore, l'expérience des équipes de Videdressing, qui empoche une commission sur chaque vente, pourrait lui être utile.